Fille-mère à l'adolescence, Suzanne vit avec son père routier et sa sœur dont elle est inséparable. Sa vie bascule lorsqu'elle tombe amoureuse de Julien, petit malfrat qui l'entraine dans sa dérive. S'ensuit la cavale, la prison, l'amour fou qu'elle poursuit jusqu'à tout abandonner derrière elle...
Annoncé comme « le » film français de l'année par certains depuis sa présentation au Paris Festival en juillet dernier, Suzanne était très attendu. A l'arrivée sans dire que j'ai été déçu, le résultat est en deçà de mes espérances. Pour autant ce deuxième long métrage de Katell Quillévéré après Un poison violent (2010) n'est dénué de belles qualités. Si la mise en scène est maitrisée, c'est surtout le scénario qui est très bien écrit. On suit la vie de Suzanne sur une vingtaine d'année, par ellipses, où tout est plus suggéré que montré, seuls quelques moments importants, privés ou familiaux, sont là. L'émotion est toujours sur le fil. Ni trop sèche, ni trop pathos. Malgré tout, on s'attache difficilement aux personnages (qui ne sont jamais jugés), celui de la sœur est mon préféré. La plus belle réussite du film reste la direction d'acteurs. Sara Forestier trouve là sans doute son plus beau rôle (malgré son César pour Le nom des gens). Elle est formidable de fragilité et de détermination. Adèle Haenel (Naissance des Pieuvres, L'Apollonide), la sœur, est elle aussi très bien, mais le rôle est un peu sacrifié à mon goût. On retrouve Paul Hamy, qui après avoir séduit Deneuve dans Elle s'en va, fait tourner la tête de Suzanne. François Damiens, comme tout bon comique, excelle dans les rôles dramatiques. Il est ici convaincant même si parfois à limite d'en faire trop. Avec aussi Anne Le Ny et Corinne Masiero, pour une fois très sobre.
Si Suzanne reste un très beau portrait de femme, il manque un petit quelque chose pour en faire le grand film bouleversant auquel on s’attendait. Un cran au dessus de la production française habituelle, il est donc à voir malgré tout, ne serait-ce que pour ses acteurs, tous formidables...