Adam, jeune prêtre charismatique rejoint une paroisse rurale et s’occupe d’un foyer accueillant de jeunes adultes. Par son implication, il suscite rapidement l’admiration de tous. Mais peu à peu, son attirance pour l’un des garçons du centre se transforme en véritable chemin de croix. Habité par une foi véritable mais rongé par la culpabilité, il tente en vain de lutter contre cet amour naissant…
En 2012, je n'avais pas spécialement apprécié Elles, le précédent film de Malgorzata Szumowska tourné en France. Mais la bande-annonce et le thème de celui-ci laissaient entrevoir autre chose. Elle réussit cette fois un film magnifique. Aussi dur que touchant. J'en ai encore le ventre et la gorge noués. Aime... est juste une belle histoire d'amour. Si belle et si compliquée. Comment vivre ses sentiments, son amour, quand on est prêtre et homosexuel dans un des pays les plus catholiques et les plus homophobes du monde (le film fait naturellement polémique en Pologne. Mais c'est un succès, fera-t-il bouger les choses ?) ? Quoi de plus terrible de ne pas pouvoir partager, crier cet amour au monde ? Avec tact, sensibilité et beaucoup de pudeur, la réalisatrice dresse le magnifique portrait d'un homme tiraillé entre sa foi et sa nature profonde, entre sa mission et sa culpabilité. Religion, sexe, amour, le choix est-il possible ? Le scénario, à la fois rude et très finement écrit, laisse, pour ma part, plus de questions que de réponses. Il ne juge rien, ni personne. Même si parfois un peu bancal, parfois à la limite du cliché. On passera sur ces quelques défauts tant la force de l'ensemble emporte le morceau. Tout passe par les non-dits et les silences, tout autant que par les cris, l'alcool et la violence. La mise en scène est brillante, aussi brute que douce. Les images sont magnifiques, sensuelles et solaires. Le soleil toujours présent, jusqu'au dénouement où, enfin, il pleut. Une pluie serrée et incessante, comme pour mieux laver un passé de noirceur et recommencer dans la lumière. Magnifique image (presque) finale d'un Adam (entre autre références bibliques) nu dans la lumière du soleil sous un crucifix.
Juste un mot sur l'interprétation et un casting formidable de bout en bout. Un très charismatique Andrzej Chyra, tellement émouvant en prêtre perdu et amoureux, et un Mateusz Kosciukiewicz, au physique très christique, convaincant en (innocent?) objet du désir, comme tous les jeunes interprètes. Lourd de symboles, Aime...et fais ce que tu veux est la première bonne surprise et mon premier gros coup de cœur de l'année. Un film sensible, pudique, terrible, touchant. Magnifique.