Par une froide soirée d’hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l'avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l’interroge sur sa vie. Seligman écoute intensément Joe lui raconter en huit chapitres successifs le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours...
Après le succès et l’engouement qu'avait suscité Mélancholia, c'est peu de dire que ce nouveau film de Lars Von trier était attendu. Annoncé comme le premier choc de cette année naissante, Nymphomaniac tient (pour moi) toutes ses promesses. Alors que je n'avais pas aimé la première partie de son précédent opus, rien ici ne m'a rebuté. On peut dire ou penser ce que l'on veut du metteur en scène danois, il reste tout de même une personnalité à part dans l'univers cinéma, réussissant à nous faire des films qu'on ne voit nulle part ailleurs. La preuve encore aujourd'hui. D'entrée, les flocons qui virevoltent, l'eau qui coule, la ruelle sombre au milieu des immeubles lugubres m'ont fasciné. Petit à petit, le récit hallucinant de Joe nous fait passer par tout les états. Après avoir assimiler le fait que deux actrices jouent le même rôle à vingt ans d'intervalle, on s'attache à ce personnage pourtant pas si sympathique que cela. Plus qu'un film sur le sexe ou la nymphomanie, on est là, peut être, devant le beau portrait d'une femme qui se cherche, qui s'est perdue, et qui raconte sa vie à un total inconnu. Il faudra attendre le volume 2 (sortie le 29 janvier) pour être fixé. L'ensemble est forcément très bavard (c'est une conversation entre deux personnes). L'écriture du cinéaste est comme toujours soignée. Entre philosophie, religion, psychologie et pêche à la mouche, les dialogues sont savoureux. La mise en scène est toujours aussi puissante. Techniquement c'est magnifique. Baucoup d'incrustations, de flash-backs, inserts explicatifs etc... souvent agaçants ailleurs mais qui servent parfaitement le propos ici, tout comme la musique. Ce premier volume s’achève sur un moment crucial de l'histoire qui nous met encore plus l'eau à la bouche. Le casting est brillant. Outre Charlotte Gainsbourg (troisième film consécutif avec le réalisateur), on retrouve un autre habitué Stellan Skarsgard (Breaking the waves, Mélancholia), Shia Lebeouf en contre-emploi, Conne Nielsen, Christian Slater, Uma Thurman (géniale dans une scène formidable) et Stacy Martin (Joe jeune) qui s'en sort très bien pour ses premiers pas devant une caméra. Certains y verront sans doute de la provocation et de la vulgarité...là où je n'ai vu qu'un magnifique portrait de femme, aussi fascinant que triste, aussi beau que sombre, aussi poétique que pudique (si, si). Bref, j'attends la suite avec impatiente...tout en restant prudent : un mois après, Mélancholia m'était bien sorti de la tête et j'avais revu mon jugement...