Abus de faiblesse

Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu des films de Catherine Breillat sauf Une vieille maîtresse (2007) que j'avais moyennement apprécié. Ici, c'est plus le traitement de qu'elle a pu faire de sa propre histoire qui m'a attiré. Ce qui étonne en premier lieu, c'est le choix du casting. Pas pour Isabelle Huppert, elle est vraiment parfaite dans le rôle de la cinéaste. Je l'ai trouvé vraiment très touchante. Encore une très belle prestation à son actif, la dernière scène à elle-seule vaut le détour. Le choix de Kool Shen (autre moitié de NTM après Joeystarr à s'essayer au cinéma) dans le rôle de l'escroc est plus étonnant. Sur le papier du moins. Car à l'écran, cela passe parfaitement, il a tout à fait le physique et le jeu pour ça. Le duo fonctionne à merveille. La mise en image de cette histoire personnelle a été longue et douloureuse pour la réalisatrice (plus de deux ans d'écriture). Mais au final, elle nous livre un film très pudique, simple, sans pathos et sans cris. Il y a quelque chose d'émouvant et à la fois de révoltant de voir comment les choses se sont passées, et comment la manipulation fait son chemin et détruit très vite une vie déjà abimée. Même si on peut se dire, que connaissant la réputation de l'individu, elle aurait du se méfier. Mais le film porte bien son nom, dès que l'on ne se trouve plus dans son état normal, on devient vite une proie. Elle n'explique pas les choses, elle montre juste les faits.

Catherine Breillat réalise donc là un film fort et courageux. Qu'elle devait certainement faire pour exorciser, tourner la page et passer à autre chose. Fait avec beaucoup de tact, d'intelligence, de lucidité et de distance. On sort de là à la fois fasciné et mal à l'aise. Un très beau film.