Pelo Malo

Voilà encore une petit pépite venue d'Amérique du Sud. Comme le dit l'affiche, un vrai film de genre. Un lointain cousin de Tomboy. A travers les yeux d'un jeune garçon obsédé par ses cheveux, la réalisatrice nous brosse un constat aussi déprimant que touchant du Vénézuela à la fin du règne de Chavez (qu'on suit par écrans interposés). Coincé entre une mère célibataire autoritaire qui se débat pour garder son travail, sa petite voisine qui rêve d'être Miss, une grand-mère excentrique et son attirance pour le bel épicier du coin, Junior n'a qu'une obsession : avoir les cheveux lisses. Tandis que sa mère n'a qu'une peur : qu'il soit homosexuel. La mise en scène de Mariana Rondon, sur des images splendides, est pleine de sensibilité tout autant qu'elle ne ménage pas ses personnages. Même si elle ne les juge pas. Ceux-ci sont d'entrée attachants. Même celui de la mère, souvent cruel, et qui a toutes les raisons d'être détestable. On éprouve malgré tout une certaine empathie pour elle. Les acteurs sont tous formidables. Samuel Lange Zambrano porte sans problème tout le film sur ses très jeunes épaules. L'ensemble nous apporte son lot de scènes magnifiques et touchantes, quand d'autres sont beaucoup plus difficiles. Une certaine poésie encrée dans une dure réalité, parfois à la limite du documentaire. Un très jolie chronique de l'enfance « différente » sur fond de crise sociale, aussi grave que fraiche et attachante. Une belle surprise.