Elle est entrée dans une boutique de téléphonie sur le boulevard Voltaire. Elle a fait mine de s’intéresser aux nouveaux portables, a obtenu le numéro du vendeur et s’en est allée. Elle l’a rappelé dès le lendemain, lui a dit qu’elle voulait le revoir. Ilan ne s’est pas méfié. Il avait vingt-trois ans, la vie devant lui…Comment pouvait-il se douter qu’en rejoignant cette jolie fille dans un café de la porte d’Orléans, il avait rendez-vous avec la mort ?
Difficile de faire une critique de ce film. D'un côté on a un sujet fort, un fait divers horrible qui a bouleversé la France, de l'autre un long métrage réalisé plus comme un téléfilm ou un épisode de série policière française. Mais malgré ce certain manque de rigueur et de maitrise, Alexandre Arcady sauve son film et atteint son but : nous fait ressentir tout cela avec effroi et une très grande émotion. Cette histoire lui tient à cœur et on le sent. Ce côté du récit (la famille) est certainement très proche de ce qui c'est réellement passé, le scénario étant adapté par la co-auteure du livre (avec Ruth la mère du jeune garçon) Emilie Frèche. Même si, du coup, cela en devient un peu manichéen. Mais le thème transcende le tout et fait presque oublié les maladresses et les défauts. On a beau en connaître l'issue, deviner l'horreur qu'a du traverser la famille et surtout Ilan, on est pris dans l'engrenage de l'enquête et cette insoutenable descente aux enfers qui nous sert l'estomac d'un bout à l'autre. L'interprétation est de qualité. Zabou Breitman, qui remplaça au pied levé Valérie benguigui, déjà bien malade, est très juste, tout en sobriété, à la fois forte et anénantie. Pascal Elbé s'en sort aussi très bien. Tandis que Jacques Gamblin, Sylvie Testud et Eric Caravaca (les flics) sont convaincants sans trop en faire non plus. On en ressort éprouvé, dégouté, abattu, en se demandant comment une telle barbarie peut encore exister de nos jours...et toujours aussi perplexe devant la noircceur de l'âme humaine. Tragique et bouleversant.