Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.
Il y a des choses qui ne changent pas chez les Dardenne : ils sont, comme à chacun de leurs films en compétition officielle à Cannes et ils nous offrent un nouveau drame social. Ce qui est nouveau, c'est d'avoir pris une star pour tenir le rôle principal. Et ils ont eu raison. Qu'on l'aime ou pas, il faut reconnaître que dans des grands films et bien dirigée, elle reste totalement bluffante. Il faut pourtant quelques minutes avant de se faire à son jeu et l'idée de la voir en smicarde. Il m'a fallu quelques minutes pour me faire au film aussi. Pour moi, il n'a vraiment décollé qu'avec la rencontre avec le footballeur (qui m'a bien fait pleuré...). A partir de là, on suit un véritable thriller, avec une tension et un suspens qui nous tiendra en haleine jusqu'à la dernière minute. Sandra nous touche. Son état d'esprit évoluant à chaque refus ou accord décroché, nous déchirant ou nous réjouissant le cœur au passage. Sandra c'est donc Marion Cotillard. Elle est de tous les plans et porte littéralement le film sur ses épaules. Elle est formidable, sans maquillage et mal fagotée. Tour à tour fragile, forte, désespérée, intense. Sans doute son plus beau rôle avec De rouille et d'os. A ses côtés Fabrizio Rongione, un habitué des réalisateurs, sobre et discret, s'en sort très bien. Quant au film lui même, c'est sans doute, pour ma part, le plus fort et le plus émouvant des frères Dardenne depuis L'enfant ou même Le fils. Sans doute le plus en phase avec son époque, le plus beau, le plus touchant. Et le plus porteur d'espoir malgré une fin inattendue et terrible mais logique dont l’héroïne, finalement, en sortira grandit. Un mise en scène directe, sans fard, sans concession, sans musique, de longs plans séquences, des dialogues simples, sans pathos ni misérabilisme mais une émotion brute. Juste magnifique.