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Le Ciné de Fred

La Chambre bleue

La Chambre bleue

 

- Dis- moi Julien, si je devenais libre, tu te rendrais libre aussi ?
- Tu dis ?... Un homme et une femme s’aiment en secret dans une chambre, se désirent, se veulent, se mordent même. Puis s’échangent quelques mots anodins après l’amour. Du moins l’homme semble le croire. Car aujourd’hui arrêté, face aux questions des gendarmes et du juge d’instruction, Julien cherche les mots. « La vie est différente quand on la vit et quand on l’épluche après-coup. » Que s’est-il passé, de quel crime est-il accusé ?...

 

La Chambre bleue : Photo

 

Retour à Cannes pour Mathieu Amalric (Un certain regard) où il obtint un prix de la mise en scène pour Tournée en 2010 suivi du succès critique et public que l'on sait. Pour ce nouveau film, il adapte un roman de Simenon et nous offre ici un pur exercice de style qui revisite l'univers de la bourgeoisie de province si chère à Claude Chabrol, à qui l'on pense immanquablement (et qui ce serait d'ailleurs intéressé au projet). Car voilà un film français qui sort un peu des sentiers battus. Visuellement, c'est une vraie splendeur. Les images, dans un format carré, sont de toute beauté rappelant celle du très beau Les hauts de Hurlevent (Andrea Arnold). Sauf erreur de ma part, la couleur bleue apparaît dans chaque plan du film, parfois juste un détail, un dossier, un foulard. La mise en scène est saccadée, précise, tendue, le montage très serré. Les plans sont fixes mais très courts (un peu mal au crane au début). Le scénario est déstructuré. On assiste à plusieurs interrogatoires et à de multiples flash-backs. Cela rend le tout très intriguant voir étrange, pendant un long moment on ne sait pas de quoi le personnage est accusé. Puis tout s'imbrique lentement, même si rien n'est jamais vraiment révélé. L'interprétation est de qualité. Amalric est lui-même, comme toujours maintenant, très bien. Léa Drucker, la femme, est parfaite, sans trop en faire, elle est toujours juste. Avec aussi Laurent Poitrenaux (La vie domestique), le juge, et Stéphanie Cléau, la maîtresse, compagne du réalisateur et co-scénariste. J'ai trouvé l'ensemble absolument subjuguant. Amalric arrive à transformer une banale histoire d'adultère en une intrigue passionnante, véritable descente aux enfers. Et tout cela resserré en seulement 1h15 et un petit budget. Comme quoi...A la fois polar et drame passionnel, plus glacial que torride, La chambre bleue est un vrai plaisir jubilatoire. Beau, original et fascinant.

La Chambre bleue
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