Garnett, ancien membre d’un gang du Nouveau Mexique vient de passer 18 ans en prison pour meurtre. Avec l’aide d’Emily Smith, agent de probation chargée de sa mise à l’épreuve, il tente de se réinsérer et de reprendre une vie normale. Mais Garnett est vite rattrapé par son passé. Le Sherif Bill Agati veut lui faire payer très cher la mort de son adjoint.
Voilà un film qui avait tout pour être un superbe polar crépusculaire, un western moderne aux allures de tragédie grecque. Une belle mise en scène, un scénario bien écrit (adapté de Deux hommes dans la ville dont je ne me souviens pas du tout), des personnages bien définis, une histoire et un suspens qui prennent leur temps sans nous ennuyer, des acteurs parfaits, des images superbes...Mais seulement voilà, bizarrement, la mayonnaise ne prend pas vraiment. On s'attache au personnage, on éprouve de l'empathie pour lui, même si on se doute bien comment tout cela va se terminer, mais cela en reste à peu près là. Après les très suréstimés Indigènes et Hors la loi, Rachid Bouchareb étonne par la maitrise de sa mise en scène et ce changement de genre, l’ambiance qu'il arrive à créer, sa direction d'acteurs. C'est un pléonasme de dire que Forest Whitaker est grandiose, une habitude. Harvey Keitel est égal à lui-même et Brenda Blethyn est assez cocasse et surprenante en agent de probation solitaire qui écoute du Barbara (avec aussi la grande Ellen Burstyn). Mais ce qui étonne encore plus c'est qu'on reste sur notre faim. Malgré tous ces thèmes abordés -rédemption, pardon, vengeance, rapport aux religions...- (trop ? donc mal traités ?), il manque quelque chose pour que La voie de l'ennemi décolle totalement, alors que paradoxalement on a pas grand chose à lui reprocher. Peut être à revoir une deuxième fois...Vraiment dommage, même si on passe un bon moment surtout grâce aux acteurs, car voilà un film qu'on aurait aimé adorer...