En transit dans un hôtel international près de Roissy, un ingénieur en informatique américain, soumis à de très lourdes pressions professionnelles et affectives, décide de changer radicalement le cours de sa vie. Quelques heures plus tard, une jeune femme de chambre de l’hôtel, qui vit dans un entre-deux provisoire, voit son existence basculer à la suite d’un événement surnaturel.
Huit ans déjà depuis le très beau Lady Chatterley, le dernier film de pascale Ferran, César du meilleur film. Bird People était donc très attendu. Je ne savais pas du tout de quoi il en retournait et plusieurs jours après l'avoir vu, il me hante encore. D'entrée, le film fascine. La gare du Nord, le RER B, les pensées des passagers. Plus il avance et plus il devient intriguant. On s’imprègne très vite de cette ambiance d'aéroport et d’hôtel totalement impersonnel et déshumanisé (voir déshumanisant). Et deux vies à la dérive, deux solitudes, comme suspendues dans cette univers. Rien de plus banal finalement qu'un homme qui quitte sans préavis ce qui faisait sa vie et qu'une jeune fille qui peine à (se) trouver la sienne. La caméra de Pascale Ferran les suit avec une infini bonté, une belle sensibilité, une grande pudeur et une certaine tendresse. Sa mise en scène quasi magique, aussi simple que minutieuse, nous berçe de formidables moments de poésie (entre moineaux, vues aériennes de Roissy et dessins d'oiseau d'un jeune japonais) ou de réalisme (une rupture par Skype, une supérieure hiérarchique peu aimable...), aussi intimes que fantastiques. Le scénario, aussi mélancolique que terre à terre mais plein d'espoir(s), mélange donc habilement les genres entre constat social, drame, et surnaturel, même si sur le coup cela peut désarçonner. Les images sont d'une grande beauté, aux couleurs aussi chaudes que désincarnées, sur une bande son formidable (La Javanaise, Bowie...). L’interprétation suit donc naturellement le mouvement. Outre Anais Demoustier, formidable, Josh Charles (pas revu pour ma part depuis Le cercle des poète disparus) est tout aussi convaincant. Avec aussi de belles et solides participations de Roschdy Zem, Camelia Jordana et Radha Mitchell.
La réalisatrice nous offre donc un très beau film. D'une belle originalité, émouvant, fascinant, envoutant...