Under the Skin

Birth, le dernier film de Jonathan Glazer (2004), était très étrange même si ancré dans la réalité. Le surnaturel ne l'était pas vraiment. Celui-ci est vraiment fantastique, à tous les sens du terme. Aride et épuré à l’extrême, Under the skin est l'expérience sensorielle que l'on avait pas encore eue cette année. D'entrée, j'ai été complètement hypnotisé. Un peu comme pour Enter the void. C'est tout le temps intriguant. Rien ne nous expliqué. Il n'y a pas la moindre piste. Et c'est très bien comme cela. On suit le parcours de cette femme avec une étrange fascination. On comprend juste qu'elle est là pour apprendre à connaître les hommes (et ce nourrir d'eux?) et va y arriver (ou pas) à ses dépends. Mais peut être est-ce autre chose. Car c'est bien de la noirceur et de la bêtise du genre humain dont on parle ici. La mise en scène de Glazer est tendue, glaciale, quasi minimaliste. Elle impose une ambiance noire, froide et humide, qu'on a vraiment l'impression de ressentir. Les images sont magnifiques, sombres, oniriques, fantasmagoriques. Le travail sur le son et la musique est tout aussi important et formidable. Il participe tout autant à accentuer en permanence un sentiment de malaise. Scarlett Johansson trouve là un de ses meilleurs rôles. Après avoir interprété une voix de programme informatique, elle nous offre un formidable personnage d'extraterrestre (alors qu'elle n'était pas prévu pour le rôle au départ). Tout passe simplement, dans les gestes, les postures, les regards, la démarche (il y a très peu de dialogues). On oublie immédiatement la star hollywoodienne qu'elle est.

Voilà donc un film qui se ressent, qui se vit avec les tripes. Une observation noire et acérée de l'âme humaine vue par les yeux d'un alien. Etonnant, effrayant, dérangeant. J'en suis sorti sous le choc après une fin terrible et cruelle qui laisse un goût amer. Un film qui se mérite, qui déroute, qui bouscule, qui fait réfléchir. Rarement le terme de film ovni a pris un tel sens. Une expérience visuelle et sensorielle hors norme. Un pur exercice de style. Fascinant et envoutant.