Tous les films de Jean-Pierre Améris que j'ai vus sont à chaque fois emplis d'une belle humanité et d'une rare sensibilité (C'est la vie, Poids léger, Les émotifs anonymes...). C'est encore pleinement le cas ici. Une mise en scène simple et presque dépouillée, une écriture subtile, sans pathos aucun, et une distribution hors pair font sans doute de Marie Heurtin son plus beau film. Déjà très lumineux, il brille encore plus grâce à l'interprétation solaire de ses deux actrices principales. On est habitué au jeu toujours parfait d'Isabelle Carré, pas de surprise de ce côté-ci, elle trouve là un de ses plus beaux rôles. Marie, la jeune sourde-muette-aveugle, est incarnée par une jeune fille sourde. Pour son premier film, Ariana Rivoire est impressionnante de force et de présence. Une très belle découverte. On retrouve aussi l'excellente Brigitte Catillon, dans le rôle de la mère supérieure, et la très rare Laure Duthilleul dans le rôle de la mère (tout court). Certes, on pense beaucoup au Miracle en Alabama d'Arthur Penn (que Améris voulait adapter mais les droits s'avèrent trop chers). Les deux films traitent du même sujet (et les deux histoires sont vraies), et ont beaucoup de scènes quasi identiques, mais sont bien différents au final. Marie Heurtin nous offre donc un formidable moment, empli d'une belle émotion, d'une grande sensibilité, d'une certaine grâce et d'un bel espoir. Fort et bouleversant, voilà une excellente surprise pour un très beau film.