Inspiré d’une histoire vraie, l’histoire tragique et fascinante de la relation improbable entre un milliardaire excentrique et deux champions de lutte...
Ce nouveau film de Bennett Miller est le premier de 2015 que j'ai vu il y a quelques semaines. Après Truman Capote (2006, pas aimé) et Le stratège (2011, pas mieux), il adapte de nouveau une histoire vraie couronnée d'un prix de la mise en scène (on se demande bien pourquoi) à Cannes en 2014. Plus centrés sur la relation entre les différents protagonistes que sur les scènes de lutte, le scénario et la mise en scène ne nous offrent rien de vraiment original. Même si c'est bien fait, cela reste classique et même assez académique. Pourtant une ambiance lourde s'installe dès le départ, instaurant un climat mélancolique, voir triste. Une vision peu glamour d'un « petit » sport, méconnu et désargenté. Une certaine ambiguité se dessine assez vite entre le lutteur et le milliardaire. Le vrai Mark Schultz est d'ailleurs parti en guerre contre Bennett à propos de certaines scènes qu'ils jugent tendancieuses et fausses. Puis cela stagne un peu, l'intrigue progressant à un rythme assez lent pour se terminer de façon abrupte et inattendue. Pour qui, comme moi, ne connaissait pas le fait divers d'origine, cela offre donc un dénouement aussi surprenant que tragique. Cela a le mérite de nous sortir, hélas trop tard, de la torpeur dans laquelle on commençait à sombrer petit à petit. Beau travail sur la forme, mais la réussite du film tient surtout dans la direction d'acteurs. Steve Carrell, dans un de ses premiers rôles dramatiques, est méconnaissable et assez terrifiant (le maquillage laisse tout de même perplexe). La prestation de Mark Ruffalo est, comme toujours, solide. Ils sont tous les deux très biens, et nommés aux Oscar, mais pas Channing Tatum alors que sa prestation est pourtant la plus belle. Il n'a jamais été aussi bovin mais il est fascinant. Il trouve là son meilleur rôle.
Foxcatcher vaut donc surtout, à mes yeux, pour son casting très convaincant. Cela se laisse regarder mais ne restera pas dans les annales de cette année qui commence.