Paris, Le Trocadéro. Math, Marie, Pacman, JP, Guillaume et Toff se retrouvent tous les jours au Dôme, derrière le Palais de Tokyo. C’est là où ils font du skate, s’amusent et se défoncent, à deux pas du monde confiné des arts qu’ils côtoient sans connaître. Certains sont inséparables, liés par des vies de famille compliquées. Ils vivent l'instant, c’est l’attrait de l’argent facile, la drague anonyme sur Internet, les soirées trash "youth, sex, drugs & rock’n’roll". Toff, filme tout et tout le temps…
Le moins que l'on puisse dire c'est que le skate et les ados ne sont pas vraiment ma tasse de thé. Pas spécialement attiré donc par ce nouveau film de Larry Clark. Mais...j'ai beaucoup aimé les deux seuls films de lui que j'ai vus (Kids et Ken Park) et The smell of us est son premier film français. Pour tout dire, j'en suis sorti bousculé et assez perturbé (mais c'est bien ce que l'on recherche au cinéma, non ?), oscillant entre pathétique et génial. Après quelques jours, le film continue de faire son petit effet et j'y pense encore beaucoup. Pourtant, cela avait mal commencé. Je me suis d'abord un peu ennuyé, trouvant les jeunes horripilants. Et puis, assez insidieusement, la fascination a commencé pour ne plus me lâcher jusqu'à la fin. Difficile d'expliquer alors un ressenti. Cela nous replonge-t-il dans un passé ou nous projette-t-il dans un avenir ? S'identifie-t-on à un des personnages ? Est-ce là le portrait de la jeunesse d’aujourd’hui ? Le film pose beaucoup plus de questions qu'il ne donne de réponses. Sur la vie, le sexe, la mort, l'amour, la vieillesse, la jeunesse. Le pouvoir de cette jeunesse qui agace et qui fascine. Les personnages sont tous aussi paumés les uns que le autres. Tous les acteurs sont débutants et font leurs premiers pas devant la caméra, ils sont plus ou moins bons, mais finalement on s'en fout un peu. Comme les rares adultes que l'on voit d'ailleurs. Avec une prestation courte mais hallucinante de l'excellente Dominique Frot, dans le rôle de la mère d'un des jeunes. Ça fait souvent mal aux yeux, le montage est chaotique, les images pas vraiment belles mais la musique envoutante. Le tout mettant parfaitement en image ce portrait d'une certaine jeunesse (pervertie par internet ?), génération si jeune et déjà perdue. The smell of us est un film sans concession qui met mal à l'aise. Violent, cru, brut, noir, désespéré, tout à la fois vide et plein. Loin de toute provocation et de tout voyeurisme. Une vraie expérience, franche, puissante et dérangeante, visuelle et sensorielle tout autant que sensuelle. Le film français le plus politiquement incorrecte vu depuis des lustres, et ça fait du bien ! Premier choc de 2015.