30 Juin 2015
Quelque part, en Europe, il n’y a pas si longtemps… Cynthia et Evelyn s’aiment. Jour après jour, le couple pratique le même rituel qui se termine par la punition d’Evelyn, mais Cynthia souhaiterait une relation plus conventionnelle. L’obsession d’Evelyn se transforme rapidement en une addiction qui mène leur relation à un point de rupture…
On attendait avec impatience le nouveau film de Peter Strickland après l'étrange Berberian Sound Studio (2013), qui nous avait laissé chancelant. Curieux de voir la suite. The Duke of Burgundy s’annonçait sur le papier tout aussi intriguant. Et il l'est. Très vite, on est subjugué, autant par l'ambiance que par la beauté des images. Le travail sur la direction artistique est une fois de plus remarquable. Les décors sont somptueux, sans parler des costumes, personnage à part entière du film (tout comme les papillons). SAns surprise, la mise en scène est tout aussi maitrisée que virtuose. Le scénario est moins alambiqué que pour Berberian et l’histoire beaucoup plus simple. D'entrée, on est piégé et manipulé. Entre ellipses et répétitions, on assiste alors à l'apogée et à la dégradation d'une histoire d'amour que les deux protagonistes ne voient plus de la même façon. Cette répétition d'une même scène avec les mêmes dialogues pourrait lasser. Bien au contraire, elle est à chaque fois différente et rend parfaitement compte de l'érosion de la relation entre les deux femmes. Celles-ci sont parfaitement interprétées par des actrices formidables : la danoise Sidse Babett Knudsen (After the wedding, Borgen) et l'italienne Chiara d'Anna (déjà dans Berberian). Le tout nous donne quelque chose d'aussi somptueux que fascinant. Une expérience, une fois de plus, aussi visuelle que sensorielle. Un film qui se mérite, comme toujours chez Strickland (je préfère d'ailleurs celui-ci à Berberian). Assurément, l'un des films les plus envoutants et les plus beaux de l'année...