13 Juin 2015
Avec ses copains, Braguette, Grand-Guy, Marvin, Marco cogne les Arabes et colle les affiches de l'extrême droite. Jusqu'au moment où il sent que, malgré lui, toute cette haine l'abandonne. Mais comment se débarrasser de la violence, de la colère, de la bêtise qu'on a en soi ? C'est le parcours d'un salaud qui va tenter de devenir quelqu'un de bien.
Deuxième film du réalisateur Diastème après le très moyen Le bruit des gens autour (2008). Un sujet fort sur le papier et une polémique après l'annulation en cascade des avant-premières ont suscité ma curiosité. Sur trente ans, d’ellipse en ellipse, on assiste à la rédemption, presque malgré lui, d'un skin-head néonazi sur fond de montée de l’extrême droite des années 80 à aujourd'hui en France. C'est traité de façon brutale et frontale, une mise en scène coup de poing pour des scènes d'abord très violentes, se radoucissant au fil des années et du changement d'état d'esprit du jeune homme. On suit son trajet, avec un malaise certain, qui ne s'estompe pas vraiment au fil du récit, mais qui change plutôt, pour des raisons plus romanesques et sentimentales (solitude, perte des gens qu'il aime...). Marco est interprété avec beaucoup de talent et d'intensité par l'inconnu Alban Lenoir, une belle révélation. A ses côtés, on retrouve l'excellent Paul Hamy (Suzanne, Elle s'en va) et Samuel Jouy (Ainsi soient-ils). Un Français ne laisse donc pas indifférent. Mi-film politique, mi-drame personnel, on se prend là une bonne claque dans la figure. Un sujet pratiquement jamais traité dans le cinéma français, parfaitement maitrisé et interprété, sans jugement ni complaisance. Mais on en sort avec un sentiment assez indéfinissable dans la bouche. Sans doute parce qu'il est aussi touchant que dérangeant...