29 Octobre 2015
Découvert en 2009 avec le dérangeant et très réussi Canine, le cinéaste grec Yorgos Lanthimos s'est vu couronné du prix du jury à Cannes cette année pour son premier film en anglais (la palme aurait été méritée) avec un casting international quatre étoiles. Ils sont d'ailleurs tous impeccables. Rachel Weisz, qui n'apparait que dans la seconde partie du film, est sublime (mais est-il besoin de le préciser?). Face à elle, on retrouve un Colin Farrell bedonnant, parfait de bout en bout. Le reste de la distribution est au diapason, de John C.Reilly à Ben Whishaw et de (la géniale) Olivia Colman aux françaises Léa Seydoux et Ariane Labed. Quant au film, il est bouleversant (les dernières images sur Rachel Weisz vont longtemps rester gravées dans mon esprit). S'il est moins loufoque et bizarre que Canine, il n'en reste pas moins surréaliste, féroce, cruel et cyniquement drôle (dans la première partie). Le réalisateur a su crée un futur angoissant et absurde auquel on croit instantanément (la scène d'entrée donne le ton et on la comprend plus tard). The Lobster est aussi réussi sur la forme que sur le fond : parfaitement mis en scène, sublimement écrit (sans doute le scénario le plus délirant et le plus original de l'année). La musique assourdissante et la voix-off m'agaçaient un peu au début mais finissent très vite par se fondre dans le décor. Un film terrible qui nous surprend à chaque scène et qui remue une multitude d'émotions en nous, et, pour moi, surtout sur l'amour et la solitude (même s'il brasse beaucoup d'autres thèmes). On en ressort aussi fasciné que désespéré, avec une grande sensation de tristesse et de mélancolie. Après Mon roi, une autre grosse claque dans la gueule. Hypnotique. Chef d'oeuvre.