11 Février 2016
Après Carol et ses amours lesbiens réfrigérés, voici Free Love, son strict opposé. Celui-ci est aussi réussi sur le fond que banal sur la forme, tout l'inverse du premier. Le sujet, terriblement fort, et malheureusement toujours d'actualité, est porteur et transcende à lui seul un film qui, sinon, n'a rien d'un chef d'oeuvre. La mise en scène de Peter Sollett (Une nuit à New York) sur un scénario de Ron Nyswaner (Philadelphia, Le voile des illusions) est quelconque, académique, parfois lourde. Mais l'important est que l'on connaisse (découvre même) et apprécie le (vrai) combat de ces deux femmes qui a fait bouger les choses et la cause des homos dans une Amérique plus puritaine que jamais. La seule vraie réussite est l'interprétation. Julianne Moore et Ellen Page sont parfaites, justes et poignantes. Pour une fois tout en retenue dans un rôle « normal », Michael Shannon est aussi émouvant que Steve Carrell est impayable en juif gay militant.
Même s'il n'est donc pas totalement réussi, voilà un film qui émeut et nous ébranle véritablement. Il touchera sans doute tout le monde mais peut être plus les homos et autres minorités qui ont toujours du se battre et/ou vivre différemment sous le regard des autres et de la société du fait de leur différence. Même si les choses s'améliorent par endroit, elles reculent aussi à d'autres, l'obscurantisme revient en force et n'est pas prêt d'être éradiqué, lui. A l'instar de Still Alice l'an passé (avec déjà la grande Julianne), le sujet et l'interprétation rendent fort et puissant un film cinématographiquement assez pauvre. Pour une fois, on s'en contentera et on ne fera pas la fine bouche. Il nous a bel et bien secoués et bouleversés. C'est l'essentiel.