13 Février 2016
Depuis son premier succès (critique et publique) avec Nettoyage à sec en 1997, Anne Fontaine se construit une filmographie aussi éclectique que bancale. De jolis films (Entre ses mains, La fille de Monaco, Comment j'ai tué mon père...) et d’autres vraiment plus dispensables (Gemma Bovery, Coco avant Chanel, Mon pire cauchemar...). Filmographie qui se caractérise souvent par un certain manque d'émotion mais où la femme est toujours le centre d’intérêt. Ces deux caractéristiques sont une fois de plus réunies dans ce nouveau film. Il n'y a que des femmes (ou presque) dans Les Innocentes. Le scénario est tiré d'une tragique histoire vécue par les religieuses d'un couvent polonais au sortir de la 2è guerre mondiale. La réalisatrice passe de très peu à côté du grand film, voir du chef d'oeuvre. Sa mise en scène est pourtant souvent d'une grande maitrise et d'une grande précision. Privilégiant les scènes intimes, terribles, douces ou parfois drôles, aux scènes d'action et aux dialogues inutiles. Très beau travail technique, costumes, décors et surtout sur la lumière. J'ai vu que le film était comparé à Ida (l'affiche peut être), moi j'ai plutôt pensé à Des hommes et des Dieux. Toutes les actrices polonaises sont formidables, avec à leur tête Agata Buzek et Joanna Kulig. Lou de Laâge, malgré son manque de talent et de charisme, s'en sort à peu près. Tout comme Vincent Macaigne, qui sort, lui, un peu de son registre habituel. Même si certaines scènes sont violentes ou dures et d'autres très touchantes, je trouve que l'ensemble manque malgré tout d'une certaine émotion qui aurait couronné un film par ailleurs très réussi. Et toujours d'actualité. Le destin des femmes dans les guerres et conflits n'a malheureusement pas vraiment changé. Un beau film, poignant mais plein d'espoir malgré tout, à voir tout de même...