30 Mars 2016
Voilà plus de quarante ans déjà (Souvenirs d'en France, 1975) qu'André Téchiné égrène une filmographie aux films plus ou moins personnels et plus de vingt ans qu'il ne nous a pas véritablement enchanté (Les roseaux sauvages, 1994), malgré un bon L'homme qu'on aimait trop. Quand on a 17 ans s’annonçait bien, de par son thème et de par sa co-scénariste Céline Sciamma (spécialite des émois adolescents). Si on ne retrouve pas tout le charme et l'émotion du film qui révéla Elodie Bouchez (entre autres), celui-ci est tout de même très réussi. S'il peut toucher tout le monde, il parlera peut être plus aux homos. Il reflète avec une certaine justesse ce que l'on peut ressentir et vivre, à dix-sept ans, quand on se découvre homosexuel. De la violence, pour rabrouer ses sentiments, au coming-out et aux premiers ébats, tout est fait avec une belle pudeur et une grande sensibilité. Le scénario évite autant les clichés que le pathos, malgré quelques facilités et une ou deux longueurs. Mais rien de bien gênant à mes yeux. La mise en scène de Téchiné est bien plus ample, plus précise et plus intéressante que dans ces derniers films (surtout les ratages que sont La fille du RER et Impardonnables). L'interprétation y est aussi de qualité. On savait déjà que Kacey Mottet Klein (L'enfant d'en haut, Une mère) était prometteur, il confirme ici. Belle concurrence en la personne de Corentin Fila dont c'est la première expérience devant la caméra et qui est une belle révélation. Sandrine Kiberlain est comme toujours juste et émouvante. On retrouve aussi Alexis Loret qui avait débuté chez le réalisateur en 1998 (Alice et Martin), mais dont la carrière n'a jamais explosé.
Un beau film donc, touchant et sincère (et assez réaliste), qui certes, n'atteint pas les sommets que son réalisateur nous a déjà offerts, mais nous fait passer un très joli moment. Un Téchiné bon cru. Le deuxième consécutif, pourvu que cela dure !