"Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles." Instantané d’une famille bourgeoise européenne.
C’est peu dire que j’avais détesté Amour. Mais il faudrait peut être que je le revois. Je ne partais donc pas très confiant pour ce Happy End (reparti bredouille de Cannes cette année). Mais une bande-annonce intrigante et un casting quatre étoiles ont eu raison de moi. Pour être honnête, j’y allais surtout pour en dire du mal. Et voilà, j’ai beaucoup aimé. En sortant de la salle, on se dit que le film est vide. Fascinant mais vide. Quelques moments dans la vie d’une famille bourgeoise de province où l’on ne comprends pas les motivations des personnages et où l’on éprouve aucune empathie pour eux. Mais le film fait son travail de sape après. Il est beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Il est même plein de questions et de propos essentiels sur la famille, l’amour, la vieillesse, la mort. C’est sec et froid, mais aussi émouvant et poignant, parfois dérangeant et sous un calme apparent, c’est bouillonnant, oscillant entre drame, humour et une certaine perversité latente. La mise en scène peut paraître empesée mais elle est à la limite de la virtuosité sans jamais en faire trop. Tout comme le scénario, parfaitement écrit, même si les dialogues peuvent paraître lourds. L’interprétation suit le mouvement. Elle peut sembler tout aussi guindée. Mais colle parfaitement à l’ensemble. On retrouve Trintignant et Huppert, père et fille tout comme dans Amour (dont ce film pourrait être une vraie suite), impeccables. Mathieu Kassovitz et Toby Jones sont également très biens alors que Franz Rogowski et la jeune Fantine Harduin sont de belles révélations. Contre toute attente, aussi plein que vide, ce nouveau Haneke m’a finalement fasciné. Puissant, perturbant et glaçant. Un grand moment.