29 Novembre 2017
Martin Clément, né Marvin Bijou, a fui. Il a fui son petit village des Vosges. Il a fui sa famille, la tyrannie de son père, la résignation de sa mère. Il a fui l'intolérance et le rejet, les brimades auxquelles l'exposait tout ce qui faisait de lui un garçon «différent». Envers et contre tout, il s'est quand même trouvé des alliés. D'abord, Madeleine Clément, la principale du collège qui lui a fait découvrir le théâtre, et dont il empruntera le nom pour symbole de son salut. Et puis Abel Pinto, le modèle bienveillant qui l'encouragera à raconter sur scène toute son histoire. Marvin devenu Martin va prendre tous les risques pour créer ce spectacle qui, au-delà du succès, achèvera de le transformer.
J’avais beaucoup aimé le livre d’Edouard Louis En finir avec Eddy Bellegueule. Mais je le trouvais inadaptable au cinéma. Quand André Téchiné a commencé à être attaché au projet, on se réjouissait malgré tout. Quand Anne Fontaine a repris le flambeau, l'enthousiasme a baissé d’un, voir deux cran. A raison. Son adaptation est beaucoup trop bancale, voir raté. Même si celle-ci est « librement inspirée » je n’ai pas vraiment retrouvé le texte ni l’ambiance d’origine. C’est ici beaucoup trop édulcoré, beaucoup trop lisse, cliché ou caricatural. Que ce soit sur le côté social ou sur l'homophobie. On ne parlera pas de la mise en scène, elle est sans saveur. La réalisatrice n’a jamais vraiment fait d’éclats. Nettoyage à sec (1997) reste sans doute son meilleur film, même si Entre ses mains ou La fille de Monaco se laissaient regarder. On se fiche un peu du parcours de Marvin. Si le scénario évite malgré tout pathos et voyeurisme, il oublie aussi l’émotion. Dans le genre "se sortir de son milieu social et exorciser sa vie passée en tapant sur sa famille", on a vu beaucoup mieux ailleurs. L’interprétation ne sauve guère l’entreprise. Finnegan Oldfield ne colle pas du tout au rôle. Il est aussi fade qu’inexpressif. En permanence figé et ne se déridant qu’en de trop rares occasions. Gregory Gadebois est assez croquignolesque mais en fait tout de même des tonnes (on le préfèrera nettement mieux cette année dans le formidable Espèces menacées). Tout comme Vincent Macaigne, très mauvais. Charles Berliing n’est pas très convaincant tandis qu’Isabelle Huppert fait du Huppert (normal me direz-vous, elle joue son propre rôle). Les seuls à s’en sortir sont la toujours impeccable Catherine Mouchet et le jeune Jules Porier (Marvin jeune) dont c’est le premier film.
Belle déception donc pour cet Eddy Bellegeule devenu Marvin Bijou à l’écran. Je me suis bien ennuyé tout le long et suis sorti en ayant surtout envie de relire le livre. Contrairement à Diane, Anne Fontaine n’a pas les épaules. Dans d’autres mains avec d’autres acteurs peut être...