Juin 1944, la France est toujours sous l’Occupation allemande. L’écrivain Robert Antelme, figure majeure de la Résistance, est arrêté et déporté. Sa jeune épouse Marguerite, écrivain et résistante, est tiraillée par l'angoisse de ne pas avoir de ses nouvelles et sa liaison secrète avec son camarade Dyonis. Elle rencontre un agent français de la Gestapo, Rabier, et, prête à tout pour retrouver son mari, se met à l’épreuve d’une relation ambiguë avec cet homme trouble, seul à pouvoir l’aider. La fin de la guerre et le retour des camps annoncent à Marguerite le début d’une insoutenable attente, une agonie lente et silencieuse au milieu du chaos de la Libération de Paris.
Nouveau film pour Emmanuel Finkiel après l’excellent Je ne suis pas un salaud (2016). Je n’ai jamais lu Marguerite Duras, ni vu aucun de ses films (juste l’adaptation de Jean-Jacques Annaud de L’amant). En lisant le synopsis et en voyant la bande-annonce, on s’attend à quelque chose de pompeux et/ou ennuyeux, voir de très austère. Austère, cela l’est assez. C’est également très bavard et forcement très littéraire. Les premières minutes me laissaient présager le pire. Et puis cette voix-off. Contre toute attente et sans que l’on s’en aperçoive vraiment, on est pris par le récit, par l’ambiance si particulière, par cette histoire passionnelle et personnelle pris dans la tourmente de la grande Histoire. La mise en scène est splendide, le scénario minutieux. La direction artistique toute aussi élégante. Et que dire de l’interprétation ! Mélanie Thierry trouve là son meilleur rôle. Elle est formidable, aussi attachante qu’émouvante en Marguerite Duras. La première grande prestation féminine de l’année. A ses côtés, Benjamin Biolay et Benoît Magimel assurent également. Même le sur-estimé Grégoire Leprince-Ringuet dans le rôle de François Mitterand s’en sort bien. Je n’attendais pas grand-chose au départ mais au final voilà la première excellente surprise française de l’année. Après, La douleur est un film « qui se mérite », je comprends que cela puisse rebuter. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé, à la limite de la fascination...Fort, intelligent, poignant, splendide.