Si Beale Street pouvait parler

Après le choc Moonlight (entre Oscars et succès public et critique), on attendait Barry Jenkins au tournant. Qu'il négocie, pour ma part, très mal. Visuellement, le film est magnifique. La direction artistique somptueuse nous offre une belle reconstitution d'époque. Cela ne suffit malheureusement pas. Toute la force et la virtuosité de la mise en scène du réalisateur que l'on avait adoré dans son précédent film n'est plus là. Idem pour le scénario, où toute profondeur a disparu. Même si le sujet est dur et sensible. Il manque à ce film une force, une âme, un souffle romanesque autant que dramatique. On ne sent pas la fièvre, la douleur, voir la fureur qui habitent les personnages. Du coup, on ne s’attache pas à eux. Les acteurs en pâtissent donc. Je ne les ai pas trouvé extraordinaires. Regina King a déjà été sacrée meilleur actrice dans un second rôle aux Golden Globes et semble promise à l'Oscar. Elle est très bien, mais rien d'affolant non plus. Et puis, c'est presque un troisième rôle. Tout est donc (un peu trop) beau ici, mais aseptisé, lisse. Au final, je me suis ennuyé. C'est dommage car je pense que cela est fait avec beaucoup de sincérité. Jenkins a sans doute voulu trop en faire après ses Oscars et confirmer. Pour cela, on attendra le prochain film. Pour l'instant, voilà la première grosse déception de l'année.