22 Novembre 2019
Premier expérience derrière la caméra pour l'actrice Sarah Suco (Discount, Comme des garçons, Les invisibles...). A cette occasion, elle nous relate sa propre histoire. Jusqu'à l'âge de dix-huit, elle a en effet vécu, avec sa famille, dans ce genre de communauté. Un peu comme pour Les misérables, le scénario ne fait ni dans le jugement, ni dans le manichéisme, ni dans le pathos. Le mécanisme de l'emprise et de l’asservissement progressif sur l'esprit et donc la vie de gens, pourtant apparemment "équilibrés", est parfaitement décrit. Le malaise monte progressivement jusqu'à un dénouement terrible qu'on sentait malheureusement arriver. Pour un coup d'essai, que ce soit sur la mise en scène ou l'écriture, j'ai trouvé l'ensemble particulièrement maitrisé. Et fait avec beaucoup de tact et sensibilité, pour une émotion sèche mais puissante. On sent que le sujet est important pour l'actrice/réalisatrice et qu'elle avait besoin de mettre ça en images. Sa direction d'acteur est aussi très réussie. Camille Cottin est vraiment saisissante. Un des rôles les plus durs qu'elle ait interprété jusqu'ici. Une actrice polyvalente aussi bonne dans les comédies que dans les drames. Eric Caravaca et Jean-Pierre Darroussin sont comme toujours impeccables et la jeune Céleste Brunnquell est une belle révélation (en fait c'est elle qui porte le film sur ses épaules). A noter aussi la très belle photo de Yves Angelo. En résumé, un film oppressant mais fort et nécessaire, qui a sans doute les défauts d'un premier long métrage, mais dont le sujet (et l'interprétation) transcende le reste et qui, personnellement, m'a beaucoup marqué. Dire que ce genre de communauté est validée par le Vatican, cela laisse songeur. Sans surprise, Les éblouis conforte un peu plus ce que je pense des religions...Mais le film lui, l'un des plus forts de l'année, est une très belle surprise. .