18 Novembre 2010
On dit de Lou quelle est une enfant précoce. Elle a treize ans, deux classes davance et un petit corps qui prend son temps. Elle a une mère emmurée dans les tranquillisants, peu damis, et le ressenti aigu dun monde qui va de travers. Lou doit faire un exposé sur une jeune femme sans abri. Elle en a vu une à la Gare dAusterlitz. Une qui fait la manche, demande des clopes, sendort sur la table du café lorsque Lou lui offre à boire pour linterviewer. Elle a 18 ans, sappelle No, Nora en fait mais tout le monde dit No, et bientôt Lou ne pourra plus se passer delle...
En voilà un joli film qu'il est tout mignon ! Pour son quatrième film derrière la caméra Zabou Breitman change une nouvelle fois d'univers. Après la psychiatrie, les homos et la passion amoureuse elle atterrie chez les SDF et chez les ados. D'entrée on se dit que voilà encore un film où une enfant de treize ans parle comme un adulte surdiplômé en philosophie. Mais ça passe vite. On arrive à bien s'attacher aux personnages, finalement tous bien sympathiques. Et c'est ce que l'on peut reprocher à la réalisatrice : tout est bien sympathique et bien propret. Elle reste à la surface des choses, traitant plusieurs sujets à la fois sans en traiter aucun. Il y avait pourtant de quoi faire entre la jeune fille asociale, la mère dépressive, la perte d'un enfant, le mal être adolescent... Tout cela est mélangé dans un joyeux bazar qui nous donne juste une comédie familiale honnête mais pas inoubliable. La mise en scène très académique nous laisse tout de même profiter d'une belle distribution. La jeune Nina Rodriguez est très convaincante pour son âge. Dans le rôle de ses parents Bernard Campan est juste et la réalisatrice nous prouve qu'elle est toujours une bonne actrice même depuis qu'elle ne s'appelle plus Zabou tout court. La révélation du film est bien sûr Julie-Marie Parmentier. Mais ce n'est pas vraiment une inconnue, on l'a découverte il y a dix ans en soeur Papin dans Les blessures assassines et vue cette année dans l'excellent Les petits ruisseaux. Elle crève l'écran ici, un vrai beau rôle. Elle est confondante de naturel. A suivre donc.
Demie-teinte donc pour ce nouveau film de Zabou Breitman devant et derrière la caméra. L'intention est bonne et sincère mais le tout manque un peu de fond et de force. Quelques jolis moments d'émotion malgré tout qui font de ce No et moi un joli divertissement à voir en famille. Mais qui ne fera pas date.