24 Février 2013
Tel père tel fils. Brandon Cronenberg se lance dans la réalisation en emboitant le pas de son illustre père. Qui aurait très bien pu mettre en scène Antiviral au début de sa carrière. Même univers, même ambiance, même thèmes glauques. La comparaison ne peut être évitée. Le moins que l'on puisse dire est que le film met très mal à l'aise. Quand on voit la peopleisation à outrance existant déjà de nos jours, on se dit qu'on peut très bien arriver à ce genre d'excès dans un futur proche. Croneneberg fils réalise ici un film d'une froideur clinique assez captivante. Le scénario est bien écrit et bien construit même si un léger trou d'air au milieu ne vient pas trop gâcher l'ensemble. Il n'y a aucune émotion mais cela ne m'a pas du tout dérangé, cela colle parfaitement au propos d'une sécheresse extrême. La mise en scène est aussi chirurgicale que le récit, glaciale comme un scalpel. Décors et costumes d'une blancheur d’hôpital contrastent avec le sang d'un rouge vif qui ne manque pas de couler à flot plus le film avance. Le tout est plutôt bien maitrisé, le fiston a bien du regarder papa. La direction d'acteurs n'est pas en reste. Caleb Landry Jones est assez hallucinant et halluciné. Une très belle présence, il porte véritablement le film sur ses épaules. Très impressionnant. A ses côtés Sarah Gadon (actrice chez le père sur A dangerous method et Cosmopolis) est aussi très bien, son image étant présente pratiquement tout le temps.
Antiviral est donc très réussi, malgré les défauts d'un premier film. Mais il faut le voir sans tenir compte de l'influence du père et faire abstraction de toute son œuvre, dans le cas contraire on ne fera constamment que des comparaisons forcément pas à l'avantage du fils. Il laisse à réfléchir sur les dérives de la célébrité facile aidés par les médias. Et celles des manipulations médicales et génétiques, autre domaine sans doute bien plus inquiétant. Une expérience visuelle et sensorielle, quasi envoutante, qui pourrait tourner à l'exercice de style mais s'avère être aussi étrange que dérangeant. Pourtant assez blasé au cinéma, je dois dire qu'il m'a mis très mal à l'aise et qu'il me hante depuis que je l'ai vu. Brandon Cronenberg est donc, certes, un fils de, mais prometteur et qui mérite d'être suivi...(en ce détachant de l'emprise d'un père forcément très envahissant...). On attend donc la suite.