Beauty

Deuxième film de Oliver Hermanus Beauty est reparti de Cannes (Un certain regard) avec la Queer Palm. Moi j’en suis reparti avec un certain malaise et un brin de perplexité. Voilà un long métrage qui rentre dans ma catégorie des films « qui se méritent ». Il brasse énormément de thèmes très intimes (identité sexuelle, homosexualité non assumée, vieillesse, banalité du quotidien, habitudes) et plus universels (racisme, dictat de la jeunesse et de la beauté). Mais le réalisateur nous laisse un peu nous débrouiller avec nous même. Beaucoup de non-dits, d’interrogations et de questions restent en suspens, libre à chacun de se faire son opinion et son idée. Sa mise en scène est précise, sèche et sans complaisance. Le scénario à la fois sans équivoque sur les actes et la psychologie des personnages (jamais jugés) et totalement flou sur les tenants et les aboutissants du récit. En fait, on ne sait jamais sur quel pied danser. Le malaise est grandissant, surtout après deux scènes essentielles, l’une de sexe, inattendue, et l’autre très violente mais moins surprenante. Les deux valant au film une interdiction au moins de 16 ans. Les longs plans fixes sans musique et la lenteur de l’ensemble n’arrangent pas les choses. L’interprétation est de qualité. Surtout celle de Deon Lotz. Il incarne avec force, sensibilité et un talent certain ce quinquagénaire à la dérive. Si le personnage n’est pas forcément attachant, il est en tout cas bouleversant et l’on ressort de là avec un goût amer dans la bouche.

Plus qu’une histoire d’amour, Beauty est une sombre histoire de désir, violente, inattendue et incontrôlable. Le parfait (mauvais) exemple de la perte de contrôle totale d’une vie triste et sans joie confrontée soudainement à son contraire. Point de beauté dans tout cela. Juste le triste constat du temps qui passe, inexorablement, et de la furtivité de la vie… Complexe et déprimant…