14 Octobre 2012
César doit mourir est le nouveau film des frères Taviani. Très en vogue dans les années 70/80 (Padre Padrone palme d'or 1977, La nuit de San Lorenzo...), les deux italiens ont un peu perdu de leur superbe depuis quelques années (surtout depuis Le soleil même la nuit et Fiorile). Leur dernier opus Le mas des Alouettes en 2007 était même catastrophique. Le projet de ce nouveau film était très excitant sur le papier : filmer le montage de Jules César de Shakespeare par une (vraie) troupe de prisonniers d'un QHS italien. Il arrive sur nos écrans couvert de prix (Ours d'or à Berlin, Donatello -les César italiens- du meilleur film et réalisateur...) et représentera l'Italie aux prochains Oscar. Malheureusement, il souffre un peu trop du syndrome Alain Resnais. Deux metteurs en scènes d'âge respectable (164 ans à eux deux) sur un projet innovant, très réussi sur la forme mais plutôt ennuyeux sur le fond. La mise en scène est ici aussi élégante, sobre et discrète, presque feutrée dans un milieu qui ne l'est pas du tout. La limite avec le documentaire est très flou. Les images sont magnifiques, alternance de couleurs et de noir et blanc, montage serré et musique superbe. Mais voilà, devant tout cela, on ne ressent qu'un ennui poli. L'histoire de ces forçats, qui ont eu leur vie changée grâce à ce tournage, ne nous émeut pas. Celle de César non plus. Au moins a-t-il le mérite de ne mettre que 1h16 à mourir. On a l'impression d'y rester plus de deux heures. A côté de cela, ces acteurs amateurs repris de justice (très en vogue en Italie en ce moment après Reality), sont très convaincants voir assez impressionnants. Vu il y a quelques jours en avant-première, la présentation du film par les frères eux-même avant la projection était bien plus passionnante que l'oeuvre elle même. Pas sûr que sans toutes les breloques gagnées il ne soit sorti sur nos écrans. Le projet est intéressant, le film nettement moins...