30 Juillet 2010
Chine, 1937. Aux portes de Nankin, capitale de la Chine, larmée impériale japonaise lance loffensive. À lintérieur, les soldats chinois sont totalement désorganisés. Certains veulent se rendre, dautres sy opposent par la force, alors que lessentiel des troupes et une partie de la population civile ont déjà été évacués. Les remparts sont détruits par des tirs de chars. Les soldats japonais entrent dans la ville fantôme avec ordre de ne pas faire de prisonniers. Le « Massacre de Nankin » est en marche...
Ce film nétait pas à mon programme (déjà chargé) de la semaine. Mais sur lavis appuyé dun ami cinéphile je me suis laissé tenter. Effectivement cétait bien le choc annoncé. Pourtant cela commence mal. Les première minutes sont une succession de scènes de batailles et de massacres, sans parole et sans quon sache très bien qui est qui. Une fois la ville tombée aux mains des japonais tout se met en place progressivement et quelques personnages principaux émergent et on commence à suivre leurs parcours. Un jeune gradé japonais et son supérieur, une femme chinoise bourgeoise au grand cur, un intellectuel chinois collabo et sa famille. Le jeune metteur en scène chinois Chuan Lu, qui a eu bien du mal à monter son film pour cause de censure féroce, nous offre alors une mise en scène virtuose et prouve quil sait manier la dramaturgie avec brio. Associée à un scénario terrible, on pense immédiatement à de grandes références comme Spielberg et sa Liste de Schindler ou à Eastwood et ses Lettres Iwo Jima. Rien que ça. De lhorreur de la guerre on glisse progressivement vers le sordide et le tragique dune occupation qui nest pas sans rappeler celle des nazis et le ghetto de Varsovie. Ces japonais-là non rien à leur envier. Un dignitaire nazi est même présent ici mais pour une fois cest le gentil (!). Limage en noir et blanc est magnifique et contribue encore plus à lambiance lourde et pesante. Techniquement le film est une grande réussite, une très belle reconstitution historique. Petit à petit lémotion monte pour nous étreindre la gorge et serrer le ventre. Les scènes sont de plus en plus dures. On assiste aussi à une des plus belles vues sans doute cette année, quand cent femmes, pour sauver le camp, se désignent elles-mêmes pour aller « divertir » les soldats pendant trois semaines. Magnifique. Linterprétation est à la hauteur. Tous les acteurs sont bluffants. Le dénouement est terrible, à la fois constat déchec et despoir. Le générique de fin, photos des personnages principaux avec leurs dates de naissance et de mort, ne peut que nous faire finir en larmes (décidemment cest une habitude en ce moment ). Un film dur et puissant, poignant et éprouvant, dont on ne ressort pas indemne. Un épisode méconnu mais traumatisant de lhistoire chinoise, que le pays a, apparemment, bien du mal à oublier