6 Mars 2008
L'histoire
Mon avis
Ne connaissant rien à l'histoire, ce film m'a attiré pour son affiche (au propre comme au figuré). Après l'un des plus beau casting hollywoodien de l'année avec Vantage point, voici l'un des plus beaux castings du ciné indépendant américain. Car cette affiche là est vraiment belle. Le film est composé de cinq tableaux dans lesquels évoluent des acteurs différents à chaque fois, en ayant pour fil rouge la même jeune fille morte donc. Sauf le dernier où l'on voit comment cette jeune fille en est arrivée là. Les cinq parties s'imbriquent parfaitement les unes aux autres et l'on sait qu'il y aura un lien entre elles même si cela ne saute pas aux yeux immédiatement. Chaque histoire est d'une force incroyable, décrivant magnifiquement, avec justesse et une belle profondeur psychologique, un portrait de femme détruite par un manque : absence de vie, de soeur, de mari, de fille ou simplement par manque d'amour. Le scénario n'est ni complaisant, ni voyeur, ni juge ni partie, il se contente de nous faire voir un morceau de ses vies détruites avec tact et sensibilité, sans pathos, sans bons sentiments (on est loin de Sans plus attendre !). Les faits bruts nous sont présentés, sans être mis en valeur, au plus près de la vérité. Les sentiments très forts entre espoir et résignation, apportent une belle émotion contenue, qui devant tant de réalisme nous laisse perplexe et dérouté par la réalité d'un certain rêve américain devenu bien loin. La réalisation est sobre, discrète, elle colle parfaitement au sujet, en laissant les personnages en avant, nous impliquant dans ces tranches de vie sans que jamais notre attention ne soit détournée par quoi que ce soit.
L'entreprise est donc couronnée par une interprétation exceptionnelle. Chaque segment réserve son lot de surprise et des morceaux d'interprétations mémorables. Dans L'étrangère Toni Collette est absolument incroyable, tout en introspection et en silences. Sans doute la plus belle performance du film. A ses côtés Giovanni Ribisi est parfait d'ambigüité. Et dans le rôle de la mère tyrannique l'étonnante Piper Laurie (Carrie, Les enfants du silence) méconnaissable, un grand moment. La deuxième partie nous apporte son lot de bons acteurs : Rose Byrne la soeur (Sunshine, 28 semaines plus tard), James franco l'amoureux, et les parents, les discrets Mary Steenburgen (parfaite) et Bruce Davison. Pour L'épouse, la belle composition de Mary Beth Hurt, en femme délaissée et en proie à des doutes bien réels, laisse pantois, elle habite littéralement son personnage. Pour La mère on assiste à un formidable face à face entre Marcia Gay Harden (en ce moment aussi dans Into the wild et The mist) et Kerry Washington, bien loin de ses rôles habituelles, magnifique contre-emploi. La rencontre de deux femmes que tout oppose et tout rapproche finalement, l'un des plus beaux duos du film. Au chapitre final, on rencontre enfin la jeune fille morte, incarnée par l'étonnante Brittany Murphy, époustouflante, qui finira par faire la rencontre fatale, où finalement toute l'intrigue se défait et la boucle est bouclée. Dans cette partie également l'excellent Josh Brolin (No country for old men) fait une petite apparition remarquée. Donc on l'aura compris, un casting de choix au top de la performance, et des actrices toutes absolument merveilleuses.
Il y a bien longtemps qu'un film ne n'avait pas remué les tripes comme cela. Les histoires sont fortes, dérangeantes, poignantes, dures. C'est sans concession, noir, avec à peine une petite lueur d'espoir. Dès le départ on est pris à la gorge et la tension ne retombe jamais. La mort est là, partout présente, inéluctable, inévitable. Un grand film. Coup de coeur.
Grand prix du jury festival de Deauville 2007.
Independant Spirit Awards - 2006 : nommé meilleur film, réalisatrice, second rôle féminin Mary Beth Hurt
San Diego Film Critics Awards - 2006 : vainqueur meilleur scénario original