11 Août 2007
Un film de Claude Chabrol avec Ludivine Sagnier, François Berléand, Benoît Magimel, Mathilda May, Caroline Sihol, Marie Bunel, Etienne Chicot, Thomas Chabrol
Drame, France, 1h55mns
Sortie en salles le 8 août 2007
Synopsis
Une jeune femme qui veut réussir dans la vie et dont le rayonnement séduit ceux qui l'entourent, s'éprend d'un écrivain prestigieux et pervers, et épouse un jeune milliardaire déséquilibré.
Critique
Pour son nouveau film Claude Chabrol continue à faire ce qu'il a toujours bien fait : le portrait d'une certaine bourgeoisie de province. La confrontation avec d'autres classes sociales est toujours aussi le centre de ces films, où, à défaut de se mélanger elles finissent toujours par se détruire mutuellement. La fille coupée en deux n'échappe pas à la règle.
Tirée d'un fait réel américain du début XXè, transposée à Lyon de nos jours, cette fameuse fille a bien du mal à maintenir un intérêt tout au long des presque deux heures de projection. Rarement dans un Chabrol l'action a été aussi longue à démarrer et rarement un certain ennui poli, au vue de la grandiose filmographie, est venu s'immiscer dès les premières minutes. Pourtant tout les ingrédients du bon film chabrolien sont là : grande bourgeoisie de province, jeune fille ambitieuse, amours, sexe, meurtres...Le problème est que les couples ne sont pas crédibles. Que ce soit Berléand/Sagnier ou Sagnier/Magimel.
Tout sonne un peu faux, on ne comprend jamais les motivations des personnages et Gabrielle passe d'un homme à l'autre avec une facilité déconcertante. On aurait aimé plus de mordant, plus d'acidité, un peu comme dans les films du metteur en scène des années 70/80. Ici on suit les mésaventures des personnages sans déplaisir mais sans grand plaisir non plus. L'histoire est de plus très prévisible, on perçoit très vite que la rivalité entre les deux hommes risque de tourner au drame.
Le principal atout du film reste donc l'interprétation. Ludivine Sagnier est formidable. Elle irradie et illumine littéralement de sa présence. Elle incarne à merveille la fragilité, la candeur, la naïveté et la fraîcheur qui caractérise Gabrielle son personnage. Une très belle performance.
A l'inverse je n'ai pas trouvé Benoît Magimel très bon. Il est peu crédible, surjoue et en fait des tonnes. Chez Chabrol il était bien meilleur dans La fleur du mal ou La demoiselle d'honneur. François Berléand est égal à lui-même. C'est même assez curieux de le voir en séducteur pervers et manipulateur comme il apparaît ici. Beau retour pour Mathilda May qui, vingt ans après, retrouve son réalisateur du Cri du hibou qui lui valut à l'époque le César du meilleure espoir féminin et qui avait disparue depuis quelques années. Mention spéciale à Caroline Sihol qui incarne avec classe la mère antipathique et très coincée de Magimel. Actrice rare au cinéma, elle était il y a peu, saisissante de ressemblance dans le très court rôle de Marlène Dietrich dans La Môme de Olivier Dahan.
Au final un Chabrol assez décevant. Manque de cohésion, de crédibilité, de passion (pour un crime passionnel un comble !!!). Reste la divine Ludivine, sublime...mais cela suffit-il ? Pas sûr...
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