18 Février 2012
Trainant comme une âme en peine du côté de Beaubourg, je suis arrivé dans le hall du MK2 pour voir d’un peu plus près quel était ce film. La pluie commençant à tomber, ni une ni deux, je me suis retrouvé dans la salle, et là : paf ! Voilà enfin le premier film original de l’année, grosse surprise et énorme coup de cœur. Pour tout dire je n’avais entendu parler de la Beat Generation que de loin, plus pour Kerouac que pour Allen Ginsberg, inconnu au bataillon. Et donc encore moins pour son poème sulfureux et scandaleux (pour l’époque) Howl. Outre la découverte de cet univers, c’est avant tout une œuvre à la forme et au ton originaux que nous voyons là. Le film est un savant kaléidoscope autour du fameux poème (en prose) : le procès de l’époque contre l’éditeur (les excellents David Strathairn en procureur et Jon Hamm en avocat de la défense, Jeffs Daniels, Mary-Louise Parker, Alessandro Nivola et Treat Williams en témoins), un portrait de Ginsberg (magnifique, inspiré et parfait James Franco) sous forme d’interview, la lecteur du dit-poème en public par l’auteur et sous forme de dessins animés (photo, couleurs et montage superbes) collant parfaitement au texte. Tout cela est très intelligemment écrit et mis en scène par Rob Epstein et Jeffrey Friedman, réalisateurs venant du documentaire (The celluloid closet, The times of Harvey Milk…). Je dois avouer que dans les premières minutes, je ne comprenais rien au texte et que j’ai tout de suite pensé que cela allait être d’un ennui profond et une bonne branlette intellectuelle. Mais rapidement et sans s’en apercevoir, l’effet combiné de la mise en scène, du texte, de l’animation et du jeu des acteurs, a rendu le tout passionnant et totalement fascinant. Difficile d’expliquer plus, c’est comme devant Mulholland Drive : on ne comprend rien mais on est subjugué ! Moi qui ne suis pas très jazz, j’ai trouvé la musique formidable et parfaitement adaptée. Au final le poème prend un sens et chacun y verra sans doute ce qu’il veut bien y voir. Pour ma part ce sera un vibrant plaidoyer envers la liberté d’expression, la liberté (homo)sexuelle et la tolérance dans un sens plus large. Les faits datent de 1957 mais pourraient (et sont) encore (malheureusement) être d’actualité. Au final, une totale surprise pour ce film, le plus intéressant, le plus troublant et le plus excitant de ce début 2012 (ce n’est pas difficile vue cette année mollassonne qui commence). Aussi réussi sur la forme que sur le fond, Howl rentre, certes, dans la catégorie des films qui se méritent mais est à voir absolument…