4 Novembre 2012
Après un premier film documentaire remarqué en 2008, Elle s'appelle Sabine, l'actrice Sandrine Bonnaire repasse devant la caméra pour son premier film de fiction. Après avoir parlé de sa sœur autiste, c'est un souvenir d'enfance et de jeunesse qui est à l'origine de J’enrage de son absence. Encore beaucoup d'elle même donc. S'il n'est pas exempt de quelques défauts (un petit problème de crédibilité à un certain moment du récit, quelques longueurs, un William Hurt parfois un peu trop figé...), son film n'en est pas moins une très belle réussite. Après le détestable Despues de Lucia, une autre facette du travail de deuil après la perte d'un être proche (un enfant en l’occurrence ici). Où l'un peut refaire sa vie et passer, malgré tout, à autre chose, et où l'autre ne s'en remettra jamais et pourra avoir des réactions disproportionnées (à l'image des personnages du film de Michel Franco). Sandrine Bonnaire traite ici ces réactions (aussi celle du nouveau mari et du nouvel enfant) avec beaucoup de tact et une belle sensibilité (mais pas de sensiblerie ni aucun pathos). Même si elle n'est pas tendre avec ses personnages (ils ne sont pas spécialement sympathique, à part le petit garçon, très touchant). Le scénario est très écrit (trop?), on sent qu'elle a voulu mettre beaucoup de choses. Sa mise est scène est simple et maitrisée. Les deux nous offre une belle réflexion sur le chagrin et ce travail de deuil si dure à accomplir. Ils prennent le temps d’installer le récit et les personnages pour une montée en puissance poignante transformant ce drame familial en véritable suspens. Le dénouement est magnifique d'intensité et de rage contenue qui, tout d'un coup, explose de tout côté. Bonnaire, elle-même excellente actrice, dirige ses acteurs de main de maitre, ils sont tous parfaits. Le grand William Hurt, son ex-mari, joue pour la première fois en français. Il est très crédible, même s'il dessert rarement les dents, il nous offre une très belle prestation, tout en retenue et en douleur contenue. Alexandra Lamy est, elle aussi, très convaincante. Après Ricky et Possessions, elle trouve un autre très beau rôle dramatique où elle excelle. On va finir par croire qu'elle est meilleure que dans les comédies. Il faut dire qu'avec les chefs d'oeuvres qu'elle enchaine (Lucky Luke, L'oncle Charles)...Son rôle est bien plus complexe qu'il n'y paraît et toutes ses scènes avec William Hurt sont magnifiques. Les plans sur leurs visages sont à chaque fois très beaux. On retrouve Augustin Legrand (aussi élu à Paris et porte parole des Enfants de Don Quichotte), très bien, et une prestation sans faute du tout jeune Jalil Mehenni. Il est vraiment formidable et marque le film de sa très belle interprétation.
Malgré ses quelques petits défauts, J'enrage de son absence est donc un film intense, puissant et marquant. J'en suis ressorti assez troublé et bouleversé et continue d'y penser longtemps après. Une très belle réussite pour Sandrine Bonnaire dont on attend déjà avec intérêt le prochain film...