16 Mars 2008
L'histoire
Mon avis
Dix ans après La vie rêvée des anges et huit après son dernier film Le petit voleur, Erick Zonca revient avec Julia. Il a pris le temps, mais il a bien fait. Ce film est tout bonnement magnifique. Peu de critiques à émettre et peu de mauvais points à soulever. Le scénario nous offre un magnifique portrait de femme comme on en voit peu au cinéma. Julia est alcoolique. Et c'est l'une des seules choses que l'on sait vraiment d'elle. Elle vient de perdre son job à cause de son penchant pour la bouteille, mais de son passé on ne saura rien. Rien de ce qui a pu l'amener là et faire que la descente aux enfers qui se produit sous nos yeux aie lieu. Dès qu'elle commence à perdre pied et à se laisser embarquer dans cette improbable kidnapping, elle ne contrôle plus rien et les évènements se succèdent implacablement. Et d'ailleurs plus elle s'enfonce dans cette histoire et moins on la voit boire, et plus on la voit redevenir femme. La rédemption est peut être au bout du chemin. C'est fort, noir, dérangeant, hallucinant. Zonca pose un regard neutre sur Julia. Il la suit. C'est tout. Elle est de tout les plans et de toutes les scènes. Elle n'est jamais jugée, ni valorisée ni rabaissée. Juste une femme qui est dans la merde et qui essaie de s'en sortir. Des situations et des sentiments sans doute inconnus pour elle vont faire leur apparition, et risquent très certainement de jouer un grand rôle dans cette possible rédemption. La mise en scène est très réussie. Dès qu'une longueur semble pointer, un évènement survient pour relancer l'intérêt, et jamais finalement on ne s'ennuie, le récit devenant pour le coup de plus en plus passionnant à mesure qu'il avance. Les 2H20 de projection passent très (trop) rapidement, on aimerait en voir un peu plus sur la vie de Julia après cela...La technique étant elle aussi au rendez-vous, les superbes images, le montage ou encore la musique ne font qu'accentuer cet effet de réussite.
Mais cette réussite tient avant tout dans l'interprétation de son actrice principale : Tilda Swinton. On la savait talentueuse depuis La plage qui l'a révélé au grand public. Ce talent venant juste d'être récompensé par un Oscar surprise mais mérité pour Michael Clayton où elle excelle en avocate stressée. Ici elle est tout simplement prodigieuse. Sa meilleure performance et son meilleur rôle à ce jour. Elle exprime toute la palette des sentiments de la détresse à la violence en passant par la tendresse, avec un naturel, une aisance et une vérité rarement égalés. Elle est Julia, avec ses tripes, avec sa tête et avec son coeur. Elle porte le film entièrement sur ces épaules, éclipsant totalement tous ses partenaires qui sont pourtant tous très bien. Une belle et grande performance, la meilleure assurément depuis le début de l'année et sans doute de l'année. Une interprétation qui fera date en tout cas.
Retour plus que gagnant pour Erick Zonca donc. Il nous offre un formidable et magnifique portrait de femme. Dur, violent, sans concession. Une belle mise en scène pour un film visuellement très beau et pour actrice qui l'est encore plus. A voir sans hésiter.