La Petite Venise

Voilà un petit film italien tout simple. Quelque chose que Ken Loach aurait pu tourner en Grande Bretagne (du temps de sa splendeur...). Amitiés, critique sociale, choc des cultures et humour se mêlent agréablement ici pour nous offrir une jolie comédie douce-amère. Ou comment l'arrivée d'une jeune chinoise comme serveuse dans un bar de pêcheur dans un trou paumé près de Venise va perturbé un petit monde bien tranquille. Le rapprochement de la jeune femme et d'un vieux loup de mer local ne va plaire à aucune des deux communautés naturellement. Tout est simple dans ce premier long métrage de Andrea Segre. De la mise en scène, discrète et fluide, au scénario, délicat, sensible et plein de poésie. Quant à l'interprétation, elle est toute en nuance et en subtilité. Zhao Tao (Still Life) est à la fois toute en fragilité et en force de caractère. Il faut la voir réclamer leur ardoise aux pêcheurs bourrus et au truand local. Elle est une vraie révélation et a raflé le David di Donatello cette année (les César italien) de la meilleure actrice, c'est mérité. Rade Serbedzija, acteur multi-facettes yougoslave, est lui aussi très bien et très touchant. Ils rendent les personnages attachants d'entrée, le duo fonctionne parfaitement et on y croit. Visuellement c'est aussi très beau. La lagune et la météo donnant une ambiance très particulière...

Un très joli film, chaleureux, tendre, émouvant et très attachant mais surtout très mélancolique. Et beaucoup plus profond qu'il n'en a l'air. Une critique réaliste et assez acerbe de la société actuelle sous couvert de comédie finalement plus amère que douce. A voir tant qu'il est encore temps. Et comme dit une très bonne amie à moi : les femmes sont admirables...