21 Janvier 2013
Voilà un film terrible. Sans doute le plus dérangeant de ce début d'année. Paradis : amour, en sélection officielle à Cannes l'an passé, aurait même failli chiper la palme à l'autre film français (pardon autrichien...). Ulrich Seidl y va franco, rien ne nous est épargné. Son film est sec et froid (pas de musique), sa mise en scène est minimaliste mais parfaitement maîtrisée. On pense bien sûr au film de Laurent Cantet Vers le sud (beaucoup plus idyllique que celui-ci même si plus dramatique), très proche dans le thème mais avec une histoire et un traitement très différent. Ici un coté sordide, d'autant plus pathétique qu'il reflète parfaitement une réalité bien présente (le commerce du sexe), obligation (flagrante) pour survivre dans bien des pays (où l'on est des portefeuilles sur pattes), dès que l'on sort du monde occidental. Entre misère affective et sexuelle et misère tout court, on se retrouve donc assez vite coincé un peu dans la position du voyeur. Quelques scènes sont très belles mais la plupart sont très dérangeantes (celle de l'anniversaire ou la dernière avec le barman...). Que doit-on faire, des deux côtés, pour arriver à ses fins ?
Premier film pour l'ensemble du casting, tous les acteurs sont formidables. Margarete Tiesel est impressionnante d'abandon et de conviction. Tous les jeunes kenyans sont de vrais marchands qui se vendent aussi aux riches touristes étrangères. Le metteur en scène a laissé libre cours à l'improvisation, si bien qu'on a parfois l'impression d’être en caméra cachée ou dans un documentaire (cf. toujours la fameuse scène de l'anniversaire assez hallucinante, qui a du être très spéciale à tourner).
Paradis : amour est le premier film d'une trilogie. On a hâte de voir les deux autres maintenant (le suivant Paradis : foi sort en mars). A ranger dans ma catégorie « des films qui se méritent », celui-ci n'est pas un film aimable. Il met constamment mal à l'aise et dérange. Les personnages, racistes basiques et ordinaires, ne sont pas attachants, ni les européennes ni les africains. Réaliste, noir, âpre, triste. Il ne juge pas, il montre, en nous bousculant singulièrement....