24 Février 2010
En 1954, le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont envoyés enquêter sur l'île de Shutter Island, dans un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. L'une des patientes, Rachel Solando, a inexplicablement disparu. Comment la meurtrière a-t-elle pu sortir d'une cellule fermée de l'extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Oeuvre cohérente d'une malade, ou cryptogramme ?
Suite à la pression de Paramount j'avais enlevé la critique (bien bêtement d'ailleurs, vos commentaires en témoignent, on est tenu à rien sur Internet et ils ne peuvent rien faire). La revoici donc.
Excellente surprise pour une projection Label des Spectateurs UGC nous avons eu droit avant tout le monde au nouveau Martin Scorsese : Shutter Island. Excellent initiative. Une salle pleine à craquer où nous étions entourés de cerbères armés de jumelles infra-rouge cherchant les pirates ! Le film est tout simplement excellent, un "chef d'uvre" d'après l'ami qui m'accompagnait. En tout cas on en est pas loin. Il y a bien longtemps qu'un film de Scorsese ne m'avait pas marqué à ce point là. Aucun depuis Casino en fait, et c'était en 1996. La bande-annonce est efficace et elle ne laisse pas, pour une fois, transparaitre ce qu'il va se passer (sauf pour ceux qui ont lu le livre bien sûr). Ça commence doucement, comme une bonne vieille enquête des années 50. Ambiance glauque et humide, personnages inquiétants, image sombre et grise comme la tempête qui secoue l'île...Mais tout cela va glisser lentement vers quelque chose de plus en plus complexe et mystérieux. Difficile d'en dire plus sans déflorer l'intrigue. Scorsese nous offre tout au long de ces 2h17 une angoisse palpable et incontrôlable montant crescendo qui va nous tenir en haleine jusqu'à la dernière minute, nous scotchant littéralement au siège. Réalité, paranoïa et folie, habilement entremêlées, si bien qu'on finit par ne plus savoir si nous sommes dans le réel, l'onirique ou le flash-back. Pour notre plus grand plaisir ! Il y a bien longtemps que l'on avait pas été manipulé comme cela ! L'intrigue se démêle sous nos yeux dans un incroyable suspens et des retournements de situations qui se suivent jusqu'à la toute dernière minute. La virtuosité de la mise en scène du réalisateur étonne une fois de plus, c'est tout simplement grandiose. Il tisse et triture dans tous les sens le scénario incroyable de Laeta Kalogridis, tiré d'un roman de Dennis Lehane déjà adapté à l'écran avec Gone baby gone et Mystic river, belles références. Discrètement, il sème dès le début des indices qui prendront leurs ampleurs dans les toutes dernières minutes. L'intrigue est à tiroirs, diverses histoires de différentes époques finissant par n'en faire qu'une seule. La dernière demi-heure est grandiose. Un film à voir assurément deux fois pour en apprécier le tout comme il le faudrait. La direction d'acteurs est, elle aussi, impeccable. Leonardo di Caprio offre encore une fois une prestation excellente dans un film de son réalisateur fétiche. C'est une habitude maintenant. Les seconds rôles sont de choix et extrêmement soignés. Un casting quatre étoiles : Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Patricia Clarkson, Max Von Sydow, Emily Mortimer, Jackie Earle Haley, Ted Levine ou encore Elias Koteas. Que du beau monde. Parfaite interprétation, rien à dire.
Aussi réussi sur la forme que sur le fond, Shutter Island est un grand Scorsese. Intriguant, haletant, effrayant, dur, passionnant... Mise en scène, scénario, technique, acteurs : tout est réussi. Un sans faute de bout en bout. A voir absolument.