15 Juin 2008
L'histoire
Mon avis
Attention coup de ooeur ! Surprise totale pour ce film espagnol vu un peu par hasard. J'avais juste entendu que les actrices étaient formidables et qu'il était le grand gagnant des Goyas 2008 (les César espagnol). De prime abord cela peut en rebuter plus d'un. C'est très, très lent. La mise en scène est minimaliste. L'image coupée en deux où l'on voit deux point de vue différent de la même scène surprend au début mais on s'y fait, et puis ce n'est pas tout le temps. On se demande au début où le réalisateur veut aller, et où il veut nous emmener. Les longs plan-séquences succèdent au longs plan-séquences. Malgré tout on s'attache d'emblé aux personnages. On les voit vivre, des vies toutes simples, comme n'importe quelles autres. Quelque chose d'hypnotisant s'installe, alors que l'ennui devrait nous prendre (car il ne se passe vraiment pas grand chose), discrètement le charme opère et on se laisse bercer par ces choses simples. Et puis le drame survient. Inattendu, imprévu, froid. Une seule scène terrifiante qui glace le sang. Toutes les personnes dans la salle ont réfréné un cri et comme moi les gens se sont mis les mains sur la bouche. A partir de là le film prend une autre dimension, une autre ampleur. Puis le second drame intervient. Plus normal, plus banal, plus classique. Tout aussi dur, mais aux causes et aux conséquences différentes. La rumeur sur la performance d'ensemble des actrices étaient bien fondée. Elles sont toutes absolument fabuleuses sans exception. Même si les deux rôles principaux se détachent du lot. Sonia Almarcha jeune mère célibataire qui monte à Madrid, dont un rôle très difficile, tellement délicat. On souffre avec elle, on vit la douleur avec elle. Très belle performance. Petra Martinez dans le rôle de la mère de famille vieillissante, entouré de son compagnon et de ses trois filles tellement différentes. Elle est tout bonnement grandiose, la scène à l'hôpital avec le médecin est incroyable, celle dans la voiture avec sa fille et son gendre l'est tout autant. Elle est touchante et émouvante, d'une force et d'une fragilité confondante. L'ensemble du casting de toute façon parfait, il n'y a rien à dire.
Jaime Rosales a fait très fort. Il nous montre le destin croisée de deux familles espagnoles d'aujourd'hui dans la forme la plus simple et la plus intimiste qu'il puisse être. On les suit au plus prêt dans leurs vies aussi simples (ou aussi compliquées !) que les nôtres. Ca parle de chacun d'entre nous et ça parle à chacun d'entre nous. C'est fort, réaliste, puissant, troublant, touchant, émouvant. C'est plein de mélancolie et de tristesse. C'est plein d'espoir(s). C'est vrai. C'est beau. C'est douloureux. C'est passionnant.
La soledad est une nouvelle preuve de la bonne santé du cinéma espagnol. Entre les films d'horreur du moment (Rec, L'orphelinat...) ou Almodovar et consorts, une petite pierre de plus à l'édifice d'un cinéma qui prend de plus en plus de place, qui innove de plus en plus avec originalité. Le cinéma français n'a qu'a bien se tenir.
Mise en scène d'une grande rigueur et d'une grande maîtrise, scénario précis et intelligent, interprétation lumineuse. Chef d'oeuvre.
Goyas 2008 : Meilleur film, meilleur réalisateur : Jaime Rosales, Meilleur espoir masculin : José Luis Torrijo