22 Février 2013
Voilà maintenant quelques années que je suis cette actrice iranienne bannie de son pays (elle est réfugiée en France). Golshifteh Farahani, non contente d'être très belle, est aussi très talentueuse. Révélée dans le très beau A propos d'Elly, on a pu aussi la voir dans Poulet aux prunes et le méconnu Si tu meurs, je te tue. Aujourd'hui, elle est en tête d'affiche de Syngué Sabour, le deuxième film de Atiq Rahimi, franco-afghan qui adapte lui-même son livre (prix Goncourt 2008). Elle tient véritablement tout le film sur ses épaules. Elle est exceptionnelle. Une interprétation tout en pudeur, d'une grande finesse et d'une grande force à la fois. Le film est lent (mais pas long) et il faut quelques minutes pour bien entrer dedans. Mais une fois installé dans ce huit-clos étouffant, on se laisse aller aux confidences les plus intimes de cette femme à son mari dans le coma. Après Wadjda et l'Arabie Saoudite, voici une autre vision différente mais toute aussi sombre et révoltante de la place de la femme dans certaines sociétés islamistes aujourd'hui. Nous ne rêvons pas, nous sommes bien au XXIè siècle. Si le film est très bien écrit, il est aussi subtilement mis en scène. Une réalisation aussi solide que maitrisée nous offrant un très beau portrait de femme, aussi fort qu'émouvant. On peut ajouter à tout cela des superbes images, grâce à la photo du chevronné Thierry Arbogast, et une musique simple et discrète.
Atiq Rahimi signe donc là un film magnifique, dur et captivant. Cela donne très envie de lire le roman. On en ressort bousculé et une boule au ventre, tant par la force du récit que par la performance habitée de son actrice principale. Bouleversant.