15 Mars 2012
Après son formidable Respiro (déjà tourné à Lampedusa et auquel on pense beaucoup ici) et Golden Door (moins réussi) revoilà Emanuele Crialese en pleine forme. Pour cela, il est retourné sur la petite île italienne fréquemment dans l’actualité. Du fait de sa position géographique (au large de la Tunisie), elle voit régulièrement l’arrivée massive de réfugiés venus d’Afrique et plus encore depuis le Printemps arabe. Si son récit a comme toujours une résonnance humaine, il a donc aussi cette fois une grande portée politique. Au travers d’une famille locale, on parle ici autant du futur des jeunes et de la volonté d’une vie meilleure que des racines et des traditions. La culpabilité et la générosité sont aussi au cœur de cette très belle histoire à la fois sombre et lumineuse. Le risque était grand mais la mise en scène et le scénario ne sont pas (trop) manichéens. Une certaine fraicheur et une belle lueur d’espoir sont là, sans clichés ni pathos, même si une belle émotion monte progressivement. Elle est due aussi à des acteurs formidables dont le jeune Filippo Pucillo que l’on voit grandir au rythme des films du metteur en scène. Il est l’un des fils de Valeria Golino dans Respiro, l’un de ceux embarqués pour l’Amérique dans Golden Door et le jeune pêcheur ici. Il est très convaincant et on aimerait bien le voir ailleurs dans un autre registre.
Bien écrit, bien réalisé, bien photographié et bien interprété, Terraferma est un très joli film. Dans tous les sens du terme…Il est en plein dans l’actualité…et nous montre de façon (un peu trop ?) ensoleillée une des conséquences de la mondialisation ?