11 Octobre 2011
Voilà sans doute le film français le plus attendu de l’année. Et pas seulement de ce côté-ci de l’Atlantique (cf. cet article de Première). D’ailleurs les acteurs, réalisateur et producteur se voient déjà des statuettes plein les bras. Leurs petits discours après la projection du film en avant première il y a quelques semaines lors d’une soirée Allociné, ne laissaient aucun doute (grosse tête ?). Mais c’est vraiment tout le mal qu’on leur souhaite. Le film le mérite sans doute. Voilà un vrai hommage au cinéma, au cinéma américain (les américains vont en raffoler, et il n’y a pas de sous-titres !). Voilà surtout un pari gonflé (et certainement très payant sur tous les plans) et réussi, quand on entend sans cesse parler de la frilosité et du manque d’ambition du cinéma français. Je ne dirai pas que le film de Michel Hazanavicius est un chef d’œuvre. Faire un film muet en noir et blanc « comme avant » en pleine explosion (pas vraiment convaincante, il faut bien le dire) de la 3D, aurait pu avoir des allures de suicide artistique et commercial. Mais ce contre-pied va forcément fonctionner. Ou comment faire du neuf avec du vieux. Si chef d’œuvre il y a, c’est assurément au niveau de la forme. Le film est une vraie splendeur. Tout est respecté. Le format de l’image, la photo (magnifique), les cartons de dialogues, la musique, les danses, les costumes et décors… La mise en scène est parfaite. Les acteurs aussi. Le prix d’interprétation cannois de Jean Dujardin est mérité (mais de là à avoir un Oscar…). Il a tout à fait le physique et l’abattage pour le rôle, même s’il ne parle pas. Même chose pour Bérénice Béjo, compagne du réalisateur, elle est charmante et trouve là sans doute son meilleur rôle. Le professionnalisme et le talent des seconds rôles américains, John Goodman, James Cromwell ou Penelope Ann Miller n’est pas le moindre des avantages.
Mais la force du film est de nous faire tenir pendant 1h40 sans dialogues, sans bruit, sans effets spéciaux sans aucun des artifices qui font le succès des films aujourd’hui. Si l’histoire est plutôt banale avec quelques baisses de régime, et malgré une émotion par toujours présente, on ne s’ennuie pas pour autant et on en redemanderait encore à la fin. Mais l’intrigue est simple et ne nous embrouille pas l’esprit. Ce n’est peut être pas plus mal.
Bref on se croirait vraiment en 1927. Même si on est là sans doute devant un pur excercice de style, cette reconstitution est superbe et force vraiment l’admiration. Un film qui fait couler beaucoup d’encre et marque déjà l’histoire du cinéma avant même sa sortie. Gageons que le pari fou de Thomas Langman et d’Hazavanicius sera un grand succès…En tout cas l’une des plus belle et originale réussite du cinéma français de cette année…