11 Janvier 2013
Jusqu’ici actrice discrète, Hélène Fillières (Mafiosa), à l'instar de sa sœur Sophie (Gentille, Un chat un chat) s'essaie à la mise en scène. On ne peut pas dire qu'elle a choisi la facilité en adaptant le roman Sévère de Régis Jauffret lui-même inspirée de l'affaire Stern. Le pari était risqué et elle ne le réussit qu'à moitié. Visuellement le film est très beau. La superbe photo grise et métallique de Christophe Beaucarne est en parfaite harmonie avec les décors froids de béton, d'acier et de verre. Cela contribue bien à l'ambiance générale toute aussi désincarnée, bien aidée aussi par la musique d'Etienne Daho. Le récit est traité de façon pudique pour un sujet qui appelait des scènes scabreuses ou vulgaires. On se sent tout de même parfois un peu voyeur. Les personnages ne laissent jamais vraiment entrevoir, mais c'est sans doute le but, ce qu'ils sont vraiment et ce qu'ils cherchent. La réalisatrice voulait garder des zones de mystère et elle y parvient assez bien, laissant entrevoir surtout une certaine noirceur de l'âme humaine. Il y a peu de dialogues, l'ambiance reste très particulière. Les acteurs sont, quant à eux, tous les deux étonnants. Benoit Poolvoerde trouve là un rôle assez terrible, prouvant une fois de plus qu'il peut être aussi à l'aise dans le drame que dans la comédie. Laeticia Casta est elle aussi très convaincante, elle s'améliore de film en film. Leur duo ambigu fonctionne bien. Avec aussi Richard Bohringer, Reda Kateb, Philippe Nahon et Jean-Franois Stevenin dans de petits rôles.
Hélène Fillières réalise donc un premier film plutôt audacieux et assez fort. Mais il est aussi glacial et parfois un peu trop maniéré et sophistiqué. Il manque tout de même quelque chose pour en faire une œuvre vraiment complexe, dérangeante et sulfureuse. L'envoûtement et la fascination attendus ne sont pas vraiment là. Mais elle envoie de bons signaux et on attend donc la suite...