En 2001, pendant la dernière journée du G8 de Gênes, quelques instants avant minuit, plus de 300 policiers prennent d’assaut l’école Diaz, à la recherche des militants du Black Bloc. Dans l’établissement, se trouvent quatre-vingt-dix activistes, dont la plupart sont des étudiants européens accompagnés de quelques journalistes étrangers, qui s’apprêtent à passer la nuit à même le sol de l’école. Alors que les forces de l’ordre font irruption, les jeunes manifestants lèvent les mains pour se rendre. Imperturbables et implacables, les policiers se livrent à des exactions préméditées d’une violence inouïe, frappant indifféremment jeunes et vieux, hommes et femmes.
Voilà ce qui arrive malheureusement trop peu souvent au cinéma : aller voir un film dont on ne savait strictement rien (mais qu'on vous a tout de même recommandé chaudement) et d'où on ressort complètement pantelant et assommé par ce que l'on vient de voir. Diaz-Un crime d'état (Don't clean up this blood en VO -ne nettoyez pas ce sang) relate des faits réels qui se sont déroulés en marge du G8 de Gênes en 2001. Le sujet est toujours ultra sensible en Italie où aucune chaine de télévision n'a coproduit le film et où les faits vont bientôt être prescrits, peu de personnes ayant été condamnées pour toutes les exactions commises et notamment les tortures. Le film est d'un réalisme saisissant. La mise en scène coup de poing de Daniele Vicari, caméra à l'épaule, est si proche du documentaire, qu'on a sans cesse l'impression d'en voir un. La mise en place des personnages et du contexte prend un moment qui peut sembler long mais qui est finalement nécessaire à la suite des évènements. Dès que les choses commencent à bouger au niveau des autorités, cela devient passionnant, mais est-ce vraiment le mot ? Plutôt terrifiant. L'engrenage infernal se met alors en place, implacable, pour se terminer en bain de sang, entre blessés graves, humiliations et même tortures. La violence est inouïe. On reste abasourdi de ce qu'un appareil d'état, aujourd'hui en Europe, à nos portes, peut faire subir à des êtres humains et ce, sans vraiment de raisons valables. Comme le dit Amnesty International « la plus grave atteinte aux droits démocratiques dans un pays occidental depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Une escalade laissant les personnages (peut être y-en-a-t-il trop d'ailleurs...) sans défense et sans aucun recours, ceux-là même étant censés les protéger les maltraitant. Je suis assez blasé au cinéma et autres médias devant la violence qui se banalise jour après jour, mais je peux vous dire que j'ai du détourner les yeux plusieurs fois tant les images sont insoutenables (le réalisateur dit pourtant être restant en de-çà de ce que les victimes lui ont raconté). Le casting international, est très solide, le montage minutieux, le scénario en béton, et la mise en scène ne fait pas dans le détail. Bref, c'est une réussite...traumatisante.
Voici donc un film militant qui dénonce. Aidera-t-il pour autant à ce que plus de lumière soit faite sur les évènements et la justice entièrement rendue ? Pas sûr. Aussi violent dans les images que le propos, Diaz ne peut laisser indifférent. Dans les heures qui ont suivi j'étais un peu mitigé, mais depuis le film a fait son travail et me hante toujours. Un coup de poing dans l'estomac. Un choc. Ce n'est pas tous les jours qu'on est bousculé comme cela...
Pendant la scène de l'assaut dans l'école, j'avais une boule dans la gorge et les larmes aux yeux… J'ai lu des articles sur les événements, et effectivement, le réalisateur ne pouvait pas tout montrer parce qu'il y a des trucs impensables qui ont été faits, on n'y aurait même pas cru. Les scènes dans la caserne m'ont fait penser à Salo… Rien n'a changé finalement.