Au XVIème siècle dans les Cévennes, le marchand de chevaux Michael Kohlhaas mène une vie familiale prospère et heureuse. Victime de l'injustice d'un seigneur, cet homme pieux et intègre lève une armée et met le pays à feu et à sang pour rétablir son droit.
Voilà un film qui, de premier abord, ne semble pas avoir de défaut. On en ressort avec peu de reproche. Visuellement superbe, une belle mise en scène, une interprétation parfaite. Mais sans crier au génie non plus. Car très vite on se rend compte que manque deux choses primordiales : l’émotion et la passion. Et même une certaine violence et cruauté qui devaient bien caractériser l'époque, étrangement absentes ici. Mais que l'on s'entende bien, Michael Kohlhaas est tout de même un film magnifique, sans doute l'un des plus beau de l'année, et pas très loin du chef d'oeuvre donc. Apre et rugueux, parfois fascinant, le film d'Arnaud des Pallières, compétition officielle à Cannes cette année (reparti bredouille), nous tient en haleine tout au long de ses deux heures que l'on ne voit pas passer. De par son thème et la présence imposante (et très convaincante) de Mads Mikkelsen, on pense beaucoup au Guerrier silencieux de Nicolas Winding Refn, qui possédait lui, la passion et la violence, voir une certaine puissance, qui manquent ici. Dans cet été morose et cette année ciné pas vraiment passionnante, on ne fera donc pas la fine bouche devant ce film français qui sort malgré tout des sentiers battus et qui ose quelque chose de différent. Les paysages, du Vercors et des Cévennes, personnage à part entière, allié à un travail remarquable sur le son, apportent beaucoup, à l'instar de la lande anglaise dans le très beau Les hauts de Hurlevent de Andrea Arnold. Pas aussi austère, rude et contemplatif que ce à quoi l'on s'attendait, le film remplit, presque donc, son contrat. Il est bien écrit et mis en scène, et le casting européen (outre le grand Mads, Denis Lavant, Bruno Ganz, Mélusine Mayance, Amira Casar, Jacques Nolot, David Bennent, Sergi Lopez, Roxane Duran...) parfaitement dirigé. On reste malgré tout légèrement sur notre faim devant cette histoire de fierté et de vengeance. Je le conseille tout de même...