21 Février 2012
Le projet de toute une vie. Voilà ce qu’est Albert Nobbs pour Glenn Close. Après avoir joué le rôle sur scène en 1982, l’actrice n’a eu de cesse d’essayer de monter le film pendant trente ans (elle est productrice et co-scénariste). Son rêve est aujourd’hui réalisé et le film est sur les écrans. Elle est venue le présenter elle-même en avant première à l’UGC des Halles (la grande classe). Au sortir de la salle, le sentiment était plutôt mitigé voir négatif. Tant de temps pour arriver à cela ! Une mise en scène (de Rodrigo Garcia) tout, sauf originale, poussiéreuse et académique à souhait, un scénario tiré par les cheveux, plein d’incohérences et de non-sens (l’obstination du personnage a vouloir certaines chose alors qu’il n’en a pas vraiment besoins…), quelques scènes un peu « too much » (la plage…), un manque d'émotion… Mais…deux jours après je pense encore beaucoup au film. Finalement tout cela est-il peut être très cohérent. Le traitement correspond sans doute bien à ce que devait être l’époque et à l’histoire si elle avait vraiment eu lieu. Et puis on n’est pas venu voir Tootsie ! En y repensant, le film dure deux heures et je ne me suis pas ennuyé. Et surtout, je revois en permanence le visage de Nobbs/Close, effrayé, inquiet, impatient, plein d’espoir, bref, rétrospectivement très touchant. Tout comme cette histoire, tragique, d’une femme prête à tout pour survivre et réaliser son rêve. Une belle réflexion aussi sur l’identité sexuelle et la confusion des genres. D’ailleurs cela est tellement bien rendu, que durant tout le film, je voyais dans le personnage un homme et pas une femme déguisée en homme. Il faut dire que le maquillage est vraiment très bien fait. Un soin particulier est aussi apporté aux costumes, aux décors et à la musique très discrète. La photo, plutôt grise, est superbe et donne une belle ambiance à l’ensemble. Ce qui est indéniable c’est, bien sûr, la qualité de l’interprétation. Tous les seconds rôles sont impeccables (Mia Wasikowska, Aaron Johnson, Pauline Collins, Brendan Gleeson, Jonathan Rhys-Mayers). Un peu plus perplexe pour Janet McTeer, au jeu pas très fin, mais c’est peut être le rôle qui veut cela (nommée quand même à l’Oscar du second rôle féminin). Glenn Close est, quant à elle, absolument formidable. Le contraire aurait été étonnant. Tout en finesse et en nuances, en permanence sur le fil à fleur de peau, elle n’en rajoute jamais (en comparaison beaucoup moins lourd et voyeur que Meryl Streep dans La dame de fer). En espérant que l’académie voir la performance et la récompense, enfin, d’un Oscar dû déjà depuis tant d’année (et surtout pour Les liaisons dangereuses).
Même s’il n’est pas un grand chef d’œuvre, Albert Nobbs est un film qu’il faut laisser murir et qui fait son petit effet longtemps après l’avoir vu. Une histoire et un personnage attachants. Une très grande actrice.
Rodrigo Garcia Filmographie :