De bon matin

Jean-Marc Moutout (La fabrique des sentiments, très beau film) c’était déjà aventuré dans le monde de l’entreprise et les ravages en découlant parfois sur l’être humain avec son premier film Violence des échanges en milieu tempéré. Cette fois-ci c’est dans un fait divers tragique qu’il a puisé son inspiration. Le film est aussi sec et implacable que peut l’être parfois le monde du travail. Il rappellera sans doute beaucoup de choses à beaucoup de monde (et qui n’a pas eu envie de tuer son patron ??). Histoire terrible, mise en scène au couteau. D’entrée on est pris à la gorge et c’est un sentiment d’étouffement qui prédomine tout le long du film. La descente aux enfers est parfaitement orchestrée par un montage en multiples flashbacks et une absence de musique rendant le tout encoure plus froid. C'est criant de vérité, collant parfaitement à la crise actuelle mais ne jugeant personne. Les faits nous sont juste présentés de façon mécanique, voir chirurgicale. Cela empêche peut être une certaine émotion de s’installer  (évitant donc tout pathos inutile) et le fait qu’on ne s’attache pas vraiment au personnage, même si l’on compatit. Jean-Pierre Darroussin incarne cet homme à la dérive. Il est absolument parfait, bluffant dans un rôle qui le sort un peu de son registre habituel. Xavier Beauvois nous rappelle ici qu’il est aussi un très bon acteur, tout comme Yannick Rénier et Valérie Dréville. Un film dérangeant, glaçant, pessimiste et sans concession. Cela fait froid dans le dos. A voir dans un bon jour…