5 Février 2012
Premier film français pour une jeune réalisatrice polonaise Malgorzata Szumowska, Elles m’a laissé assez perplexe et un avis assez mitigé. Encore un thème, la prostitution, maintes fois (et mieux) traité. L’intention est louable, le traitement pas à la hauteur. Et encore un film au recit éclaté et en flash-backs, très à la mode en ce moment. Le temps d’une journée et du bouclage de son article sur deux étudiantes prostituées, une journaliste de Elle doit faire face à sa propre existence et aux conséquences de ce travail sur sa propre vie. La mise est scène est plutôt élégante et agréable. Mais c’est du côté du scénario que l’on peut émettre quelques réserves. Il parait que le film plait surtout aux femmes qui y voient un côté féministe et dénonciateur alors que les hommes n’aiment pas et s’y voient un peu rabaissés. Sans doute un peu des deux. Toutes les femmes sont exploitées et soumises, tous les hommes sont exploiteurs et salauds, quelque soit leur âge. C’est un peu la morale, simpliste et manichéenne, qui se dégage de tout ça et qui enfile les clichés. Le problème est que la réalisatrice veut trop montrer et pas assez suggérer. Certaines scènes sont à la limite du ridicule alors qu’elles se veulent choc (ça fait beaucoup pipi aussi…). Le tout se traine un peu en longueur et la fin laisse dubitatif, tout ça pour ça… Quelques belles choses tout de même. La photo est superbe (comme les flash-backs, le flou artistique est très prisé en ce moment) et la bande son pertinente sans être envahissante. L’atout principal reste l’interprétation. Pas très objectif sur Juliette Binoche car depuis Rendez-vous en 84, je l’adore. Elle est une fois de plus très bien. Son personnage est le plus attachant même si elle était bien mieux et bien plus émouvante dans Copie conforme son dernier film (prix d’interprétation à Cannes 2010). Anais Demoustier et Joanna Kulig sont toutes les deux très convaincantes dans un style très différent. Bref, je m’attendais à quelque chose de plus fort, à un côté plus documentaire, à plus d’émotion. Le sujet de la prostitution estudiantine n’est finalement pas le centre principal du film. Le téléfilm de Emmanuelle Bercot, avec Deborah François, sur le même thème était bien mieux réussi et bien plus intéressant. Celui-ci reste assez anecdotique et dispensable…