L'Amour dure trois ans

Je ne voulais pas trop voir ce film au départ. Et puis je me suis rappelé que je n’avais lu qu’un seul livre de Frédéric Beigbeder, 99F, bien avant son adaptation par Jan Kounen (moyenne), et que je l’avais bien aimé. Et tout d’un coup j’ai eu l’envie de voir ce qu’il pouvait nous offrir derrière la caméra. Pour son premier film, il adapte donc un de ces autres romans et nous concocte une comédie romantique très réussie. En fait je craignais un peu le pire, et n’en attendant rien, j’en sors donc très agréablement surpris. Le premier constat est que c’est drôle ! Mais pas le bon rire gras danyboonien ou même celui d’Intouchables. Quelque chose de bien plus subtil, pétillant, léger mais pas insignifiant. A la fois l’histoire a un côté conte de fée moderne un peu invraisemblable et à la fois balance quelques vérités sur l’amour, le couple, l’amitié…La référence permanente à Michel Legrand lui donne aussi un petit air de comédie musicale, un côté (lointain) Jacques Demy. Les dialogues sont enlevés, percutants, jamais vulgaires ou en dessous de la ceinture. C’est plein de références littéraires bien sûr, ça ratisse même large, de Shakespeare à Soljenitsyne (et aussi Marc Levy !). Le scénario est donc autobiographique, mais aussi et surtout plein d’autodérision. Quelques petites baisses de régime ça et là, ou à l’inverse quelques accélérations qui partent un peu dans tous les sens, mais au final cela se tient. Je ne connaissais pas Gaspard Proust et je l’ai trouvé très bien. Un parfait double de l’écrivain/metteur en scène. Ca donne envie de voir ses one man show. Louise Bourgoin n’est pas mauvaise non plus mais elle reste dans son registre habituel, c'est-à-dire surtout montrer ses formes avantageuses. Les seconds rôles sont plutôt bien campés entre Jonathan Lambert, Frédérique Bel, Annie Duperey, Bernard Menez, Valérie Lemercier ou Nicolas Bedos. On retrouve encore une fois cette année Joeystarr qui m’a bien fait rire, jusqu’à un improbable mariage gay clôturé par un tout autant improbable duo avec Michel Legrand sur Les moulins de mon cœur.
Même si le film n’est pas un chef d’œuvre, cela nous change un peu des comédies romantiques habituelles. Un peu moins mièvre et un peu plus décapant. Au final, un bon moment. On a attend de voir ce que Beigbeder va faire par la suite caméra en mains…