22 Juin 2012
Point question de mer bleue dans ce nouveau film de Terence Davies, il s'agit ici du «blue » de la langue anglaise : la mélancolie. En 2008, j'avais été marqué par l'un de ses précédents films Chez les heureux du monde (The House of Mirth) avec Gillian Anderson, Eric Stoltz, Dan Aykroyd et Laura Linney. The deep blue sea nous y fait d'ailleurs beaucoup pensé. Même univers coincé dans les convenances et la morale, même jeune femme désespérée désireuse d'indépendance et d'amour... Au début des années 50, l'Angleterre a autant de mal a se remettre de la guerre que ces concitoyens. Ce triangle amoureux en paiera cher les conséquences. Tirée d'une pièce de théâtre, le scénario évolue sur un rythme on ne peut plus lent : les dialogues, les mouvements de caméra...Alors que les sentiments sont violents et exacerbés, le tout évolue dans une étrange douceur et une grande délicatesse. Le récit se déroule sur une seule journée avec une multitude de flash-backs...Mais les 1h40 passent rapidement, comme un rêve. La mise en scène de Davies est d'un somptueux ravissement, d'une élégance folle (juste après avoir vu Kill List et The Raid cela repose...). Certains plans sont à couper le souffle, comme ceux au début du film sur les corps des amants filmés par en dessus. Le tout est finement écrit, dissertant longuement sur les sentiments, l'amour et le sexe, dans une période trouble où cela n'est pas vraiment la priorité (quoi que...). Les personnages sont forts, tour à tour attachants ou pitoyables, parfois même à la limite du détestable. Mais ils sont également très touchants et naturellement, celui incarné par Rachel Weisz est le plus émouvant. Dans le rôle de cette femme perdue entre l'amour tellement différent de deux hommes, elle est juste sublime (comme toujours) et tellement belle ! A la fois forte et fragile, à la fois pleine de mélancolie et d'espoir. Ces deux partenaires ne sont pas en reste. Simon Russell Beale (My week with Marylin) tout en retenu, dans le rôle du mari bridé par une mère au caractère très victorien, et Tom Hiddleston (Loki dans Thor et Avengers, Cheval de guerre...) en jeune amant fougueux et brisé par la guerre dont il fut l'un des héros. Le trio fonctionne parfaitement, mettant en avant les parfaites qualités de direction d'acteurs du réalisateur. Son film est un véritable petit bijou. Une merveille pour les yeux et pour l'esprit. Malheureusement, comme souvent, une diffusion restreinte (mais la salle était pleine...). Une de ces oeuvres qui rentre dans ma collection de "ces films qui se méritent" et dans celle de ceux dont je n'arrive pas à trouver de défauts...